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Affaire Skripal: l'incroyable identification

Sont-ils, comme le prétend Londres, des officiers du GRU (renseignement militaire russe) ou de simples touristes, comme l'affirme Moscou? Les deux hommes accusés d'avoir empoisonné l'ex-espion Sergueï Skripal et filmés par les caméras de vidéosurveillance dans la capitale britannique ont été longuement traqués par des journalistes du site anglais Bellingcat qui viennent de percer l'identité de l'un des deux assaillants présumés.

Celui que Poutine avait désigné comme étant Ruslan Boshirov serait en fait le colonel Anatoli Tchepiga, membre éminent du GRU, décoré 20 fois et "Héros de la Fédération russe". Pour arriver à cette conclusion, les journalistes de Bellingcat n'ont utilisé que des sources ouvertes (open sources) sur le web et des méthodes d'investigation classiques pour remonter jusqu'à lui.

S'appuyant sur les deux photos dévoilées par la police britannique, ils ont d'abord cherché à faire correspondre ces images avec des clichés ressemblant aux deux hommes. Echec sur toute la ligne.

Sachant qu'ils étaient probablement membres du GRU, les journalistes - aidés par The Insider-Russia - ont ensuite questionné d'anciens officiers russes pour retrouver les écoles ils auraient pu fréquenter. Bingo! ils ont mis le doigt sur la DVOKU (une académie militaire) et sur un article de 2018 où apparaissaient sept anciens élèves promus "Héros de la fédération russe".

En compulsant dans la foulée des bases de données russes piratées, les journalistes ont établi avec certitude qu'un des deux hommes était bien Anatoli Tchepiga. Son parcours professionnel a été retracé, ses adresses et numéros de téléphone retrouvés.

Comme on pouvait s'y attendre, Moscou dément les conclusions des journalistes, accusant les Britanniques de s'obstinerà voir des espions partout. Mais cette enquête souligne, si besoin en était, que personne n'échappe aux traces laissées sur les réseaux sociaux et sur le web, très utiles aux services de police et de renseignement.

En Belgique, la Sûreté de l'État utilise ce type de métodes pour entamer ou orienter ses enquêtes.

(LpR - Source : La Libre/Picture : Twitter)

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