Black Lives Matter : pourquoi parle-t-on d’« activisme paresseux » ?
Pour protester contre les violences policières et s’impliquer dans la lutte anti-racisme, des mouvements se sont créés aux quatre coins du monde, suscitant un engagement important sur les réseaux sociaux. #Blacklivesmatter ou encore #BlackoutTuesday ont alors émergé et ce « phénomène, qui a rapidement pris de l'ampleur sur la toile, pourrait être considéré par certains comme du "slacktivisme" » explique la RTBF.
La ville de Minneapolis, aux Etats-Unis, a connu une tragique célébrité après la mort de George Floyd le 25 mai 2020. Cet homme noir de 46 ans est mort asphyxié, maintenu à terre par un policier blanc faisant pression sur son cou. Ce meurtre ouvre à nouveau la plaie du racisme, jamais vraiment guérie, et soulève l’injustice à son plus haut point. Conséquence : les uns manifestent et crient leur révolte dans la rue, les autres témoignent leur solidarité sur la toile. Un témoignage qui n’est pas toujours bien vu et considéré comme du "slacktivisme" par certains…
Qu’est-ce que le "slacktivisme" ?
Combinant le mot slacker, paresseux en anglais, et activism, militantisme dans la même langue, ce mot-valise représente l’engagement en ligne. Il s’agit d’utiliser les réseaux sociaux, en changeant de photo de profil, en partageant un article, une citation ou encore en signant une pétition, pour manifester son soutien à une cause. C’est une sorte de participation passive puisqu’il n’y a pas d’action concrète, sur le terrain. « Le mot "slacktivisme" comporte une dimension quelque peu péjorative puisque son origine même sous-entend un "activisme paresseux". » mentionne la RTBF. Souvenons-nous du hashtag Je suis Charlie qui avait suscité une vive réaction et qui avait été relayé en masse sur les réseaux après les attentats du 7 janvier 2015 à Paris.
Un militantisme de salon, vraiment ?
Alors que pour certains, cet engagement est réservé aux paresseux, incapables de bouger de leur canapé, pour d’autres, cette façon de symboliser sa solidarité, de contribuer aux mouvements contestataires, marque tout de même une empreinte dans la lutte et reste malgré tout une forme de militantisme.
Se penchant de près sur le mouvement Occupy aux Etats-Unis en 2011 et sur les manifestations de 2013 à Istanbul contre la destruction du parc Taksim Gezi, des chercheurs américains ont effectué des analyses sur l’impact des messages diffusés et partagés sur Twitter. En est ressorti de leurs conclusions que « les personnes qui pratiquent le slacktivisme sont essentielles pour augmenter la portée des messages de protestation. » conclut la RTBF.
La preuve donc que quelques clics, un soutien assis et un engagement depuis son canapé, parviennent à élever les causes défendues.
(Anne-Sophie Debauche - Source : RTBF - Illustration : Pixabay - UnratedStudio)