États-Unis : 2 ans de prison pour une fausse couche provoquée
Cela se passe aux États-Unis, dans le Nevada. Une femme a fait de la prison pour une fausse couche provoquée, après dénonciation d’une voisine, en vertu des lois anti-avortement.
Le Washington Post relate une arrestation policière dans le Nevada (USA) en 2018. En vertu de ses lois contre l’avortement, la police a arrêté, en mai, une femme suite à la perte d’un fœtus en avril. À l’arrivée de la police, armée, Patience Frazier a d’abord pensé à une enquête sur son petit-ami, toxicomane. Finalement, c’était pour elle. Une voisine l’a dénoncée. Celle-ci s’étonnait d’avoir vu disparaître son « ventre rond ». Le quotidien a mené l’enquête en reprenant notamment une vidéo de l’arrestation et de l’interrogatoire. La rédaction y dévoile la complexité des différentes lois sur l’avortement et leur impact émotionnel, en particulier dans les états dirigés par les républicains.
Cannelle
Une vidéo montre ainsi l'adjointe de police Jacqueline Mitcham interrogeant la jeune femme. Parmi les questions, il y avait celles-ci : « À quel stade de grossesse étiez-vous ? Étiez-vous enceinte ? » Patience Frazier va prétendre ne pas avoir connu son stade de grossesse. Elle se défendra également en s’interrogeant sur le bien-fondé de l’enquête : « Pourquoi est-ce que faire une fausse couche est un problème ? Pourquoi est-ce illégal, apparemment ? ». Elle admettra toutefois avec consommé des capsules de cannelle à forte dose dans l’espoir de rendre sa grossesse impossible à mener à terme, n’ayant pas les moyens de se rendre dans une clinique dans les délais prescrits par la loi. Au péril de sa santé, cela a finalement provoqué de fortes crampes abdominales suivies de la perte du fœtus.
Justice amorale ?
Au Nevada, le consensus vise plutôt à punir les médecins ou les personnes aidant à un avortement illégal. Patience Frazier ayant admis avoir pris une « substance » pour mettre fin à sa grossesse a été accusée d’homicide involontaire en vertu d’une loi unique de 1911 de l’État sur « prise de médicaments pour interrompre une grossesse ». Elle a finalement été condamnée à 2 ans de prison. Dans son enquête, le Washington Post s’interroge sur la complexité des règles en la matière avec des justices locales visant à distinguer fausse couche et avortement, bébé et fœtus. Cette enquête montre également le désarroi des femmes prises dans cet engrenage et, selon la NCJA, ce qu’un juge estime être un « déni de justice totale ».
(Olivier Duquesne – Sources : La Libre Belgique – Washington Post – National Criminal Justice Association (NCJA) – Picture : © Wikipedia – Finetooth - GNU Free Documentation License)