Maltraitances parentales : quand les insultes sont aussi douloureuses que les coups
Il n’y a pas que les coups, les mots aussi font mal. Comme des lames, ils s’enfoncent profondément dans la peau des enfants maltraités, laissant derrière eux des cicatrices indélébiles. Insultes et menaces, répétées avec insistance, se créent un chemin de la jeunesse insouciante à l’âge adulte. Les violences psychologiques infligées par les parents à leur petit en devenir s’installent parfois de façon plus sournoise et deviennent par conséquent plus difficiles à cerner. La psychanalyste Valérie Renoux, interviewée par la RTBF, nous éclaire sur les conséquences d’une enfance marquée par la violence verbale et nous donne quelques pistes pour s’en protéger.
La maltraitance psychologique peut revêtir plusieurs formes. De l’ignorance au mépris en passant par l’humiliation, la violence de certains comportements mais aussi de certaines phrases assassines a des conséquences non négligeables sur l’enfant. Le plus souvent, c’est l’estime de soi qui est touchée. Si les violences surviennent fréquemment et sont martelées pendant une longue période, les blessures perdureront jusqu’à l’âge adulte. De plus, « il est courant qu’une personne maltraitée psychologiquement dans son enfance ait une jauge très supérieure à ce qu’elle peut supporter de la part des autres » indique Valérie Renoux pour la RTBF. Le manque d’amour engendre la quête insatiable de l’amour. Pour espérer le minimum de tendresse, les personnes violentées sont capables d’accepter des tonnes de négativité.
En grandissant, les individus concernés par la maltraitance verbale auront tendance à se laisser insultés et menacés sans agir. L’habitude d’avoir été frappés de mots violents plus jeunes, les retranchera dans une forme d’acceptation là où d’autres auront la force de se confronter et de répliquer. C’est plus tard et « plus loin dans l’abus » que ces personnes en souffrance réagiront.
Les douleurs psychologiques évoluent avec l’enfant. Dans l’espoir de les protéger, l’école représente le lieu de sensibilisation par excellence. Là, au cœur même de l’éducation, il est possible de conscientiser les plus jeunes et de leur apprendre que la parole n’est pas anodine. Les mots peuvent être des caresses autant que des gifles en fonction du sens qu’on leur accorde. Instaurer un cadre de confiance dans lequel les enfants pourront se confier, constitue également une piste pour lutter contre le silence des violences psychologiques. Bien que la confiance soit installée, il peut parfois être difficile de faire parler l’enfant qui cherchera coûte que coûte à protéger ses parents. Il s’agira alors de prendre des précautions et d’y aller progressivement.
Attention toutefois à ne pas confondre réelle maltraitance verbale et moment d’énervement. Il arrive qu’un parent perde sa patience et lance, dans l’agacement, une phrase plus dure qu’à l’accoutumée. Ces petites « pertes de contrôle » sont souvent expliquées plus tard à l’enfant. Lorsque la pression a disparu, les parents ont à cœur de justifier leur comportement (sans spécialement l’excuser) ce qui révèle une volonté de bien faire. En revanche, l’ « acharnement et la répétition » caractérisent bien une forme de violence psychologique de la part des parents.
(Anne-Sophie Debauche - Source : RTBF - Illustration : Pixabay - rubberduck1951)