Société

Est-ce si difficile de s'aimer, d'aimer notre corps ? Oui, pour certaines ou certains, le reflet du miroir, avant la pollution et l'ennui, tient son rôle de pire ennemi. Regard peu objectif sur nous-mêmes et soif d'idéaux toujours plus inaccessibles, il est grand temps de revenir à la réalité. Pour aspirer à plus de bienveillance, le réel au-delà des impressions et du jugement nous apparaîtra en sauveur. En attendant d'être libérés, tâchons de comprendre les raisons pour lesquelles notre apparence semble si pénible à accepter.

Une vision fragmentée

Naturellement, nous ne jugeons pas notre corps dans sa globalité. Esclave d’une vision fractionnée et déformée, notre enveloppe de chair souffre de critiques souvent infondées. Avec cette impossibilité de nous concevoir comme un tout, une seule et même entité, nous trainons de gros complexes, situés ici ou là, de façon localisée. Gros nez, petites épaules, poches sous les yeux, orteils difformes, …, tout est prétexte à la haine de soi. La dictature moderne de la beauté s’élève bien entendu dans nos consciences, créant toujours plus de nouveaux manques, mais elle n’est pas la seule à nous contaminer. En dehors des injonctions de perfection, nos exigences physiques proviennent également d’un héritage familial non sans conséquence.

Un univers familial influent

Alors que l’un a été bercé par un entourage aimant, dans un univers où l’affection et la tendresse ne s’épuisaient jamais, l’autre a grandi sous le feu des angoisses et des condamnations parentales. Pour le premier, il fut plus aisé d’apprendre à s’aimer, à se regarder sous des projecteurs agréables, pour le second, les traces d’une mère vivant avec la peur de vieillir et d’un père dont les yeux ne se posaient qu’ailleurs, ont inévitablement pris de l’ampleur avec le temps. Notre corps abrite, de cette façon, l’empreinte des comportements familiaux. Les volontés inconscientes, avoir un fils alors qu’une fille était tant espérée, marquent aussi l’apparence et la rendent parfois ‘insuffisante’ à nos propres yeux. « Très souvent, nos difficultés avec notre corps sont la trace de conflits familiaux. On arrive à haïr des traits sans défaut qui nous relient à une famille dont on souhaiterait se couper. Et à être fier d’un nez disgracieux qui nous rappelle celui d’un grand-père adoré. » souligne le magazine Psychologies.

Une aide précieuse pour apprendre à s’aimer

L’amour. L’amour panse de ravageuses blessures. Si les insultes pleuvent, les mots doux viennent se former en parapluie et tant que l’amour nous a été légué sous de rares ou fréquentes attentions, les moqueries glissent sans vraiment nous atteindre. Malheureusement, il arrive que ce ne soit pas suffisant, que rien ne vienne apaiser le rejet que notre corps subi, par notre propre jugement. La thérapie entre alors en scène, et si le manque d’amour physique se dessine profondément, il reste parfois une infime bienveillance prête à se muer en force salvatrice. Et c’est ainsi que les thérapies se développent, en offrant un espace personnel de réconciliation. Notre apparence occupe le centre de nos interactions, elle s’établit comme premier lien avec l’extérieur, comme ce qui nous rend identifiables. Il nous est impossible d’en faire abstraction. Il ne tient alors qu’à nous de supporter notre enveloppe physique et de la traiter avec respect.

Des idéaux sans limites

Notons que dans certains pays européens, la peur de grossir détermine la première préoccupation des femmes, avant les rides et l’âge. Ce constat mis en évidence, nous comprenons mieux les moyens déployés et l’énergie épuisée à vouloir à tout prix garder la ligne !

« Quel est le malin génie qui détermine notre regard et nos relations à notre corps, notre image ? Selon Freud, il se nomme "l’idéal du moi". Le rôle de cette partie inconsciente du psychisme est de gérer nos relations avec ce que nous souhaiterions être et faire. » toujours d’après Psychologies. Nous apprécions notre image en fonction de la distance, plus ou moins grande, qui nous sépare des nos idéaux. Ils sont des référents sans pitié, psychologiquement destructeurs.

Sachant cela, pour ne plus succomber à l’appel erroné des complexes, faisons l’apogée du réel ! Déclarons la fin d’une longue bataille entre reflet et réalité. Une déclaration qui nous rendra sûrement plus confiants et nous délivrera de tous ces diktats de la beauté.

(Anne-Sophie Debauche - Source : Psychologies - Illustration : Pixabay - StockSnap)