Sommeil : pourquoi le confinement affecte aussi nos rêves ?
Quelle signification se cache derrière nos rêves ? Comment interpréter ce monde ensommeillé qui interroge sur l’existence, cette terre qui s’ouvre quand les bras de Morphée nous enlacent ? A quoi s’accrocher quand les rêves sont si prenants qu’ils semblent réels ? Ce désir de comprendre et de tout lier remonte à la nuit des temps. Et, bien que beaucoup de mystères restent encore sur notre oreiller, de nombreuses connections peuvent s’expliquer par la psychanalyse et la science.
Aujourd’hui, tentons de dégager les raisons pour lesquelles, pendant que nous vivons une situation sans précédent, nos rêves sont si étranges et parfois effrayants de réalisme. En effet, les résultats d’une récente enquête publiés dans le New York Times démontrent que l’impact des rêves s’est renforcé depuis que le coronavirus est venu frapper à notre porte. Indéniablement, notre quotidien a subi des modifications entrainant stress et émotions intenses. Si des évènements d’actualité antérieurs comme le 11 septembre 2001 ont pu traumatiser notre inconscient, il en va de même pour la crise que nous traversons en ce printemps 2020.
Mais comment cette crise sanitaire influence-t-elle nos songes ?
Tout d’abord, rappelons que nos constructions oniriques, plus intenses lors du sommeil à mouvements oculaires rapides, jouent un rôle essentiel dans la gestion de nos émotions et dans l’apprentissage. « Les rêves sont également liés à l'encodage de la mémoire par le cerveau, et les émotions constituent une grande partie des souvenirs que le cerveau décide de conserver. » relate Le Vif.
Après avoir revu nos habitudes, établi d’autres horaires de travail, fixé des objectifs de vie différents, dressé une liste d’activités physiques adaptées, la qualité de notre sommeil n’est plus vraiment la même. Dormir trop, par exemple, amène à côtoyer le sommeil paradoxal profond et donc à créer des rêves encore plus vivants et perturbants. C’est tard dans le sommeil paradoxal que l’intensité des rêves augmente. Au plus nous dormons au plus nous sommes susceptibles de voir apparaitre ces périodes profondes de songes agités. Et si la nuit, le stress opère un effet négatif sur notre sommeil (réveils réguliers, insomnies, agitations), notre cerveau va tenter de rejoindre le sommeil paradoxal aussi souvent qu’il le pourra ce qui causera un flot important et continu de songes.
Parlons-en du stress. Nous sommes désormais à bord du même navire depuis que le coronavirus a envahit notre terre et c’est en grand nombre que nous souffrons d’angoisses similaires. L’anxiété fragilise nos journées mais également nos nuits. Comme le mentionne Le Vif « Cela rend nos rêves plus absurdes, et pourtant terriblement réels, et conduit certains à faire des cauchemars, par exemple de leurs proches dans une situation inquiétante, de maladie ou de mort. ». Eloignés physiquement et socialement, nous avons tendance à rêver de ceux qui nous manquent. Comme ces personnes représentent beaucoup à nos yeux, les rêves dont elles occupent le premier plan sont lourds d’émotions ce qui accentue le souvenir que nous en gardons.
Naturellement, après 90 minutes de sommeil qui correspondent à un cycle normal, nous nous réveillons. Plusieurs fois par nuit, nous sommes donc éveillés. Ces réveils brefs ne durent que quelques secondes alors qu’il faut 5 minutes au cerveau pour débuter l’encodage de la mémoire. En revanche, si l’anxiété nous affecte fortement, nos phases éveillées entre chaque cycle se voient prolongées et nous nous souvenons plus précisément, avec le travail de mémorisation du cerveau, de ces rêves troublants qui imprègnent notre (in)conscience.
Beaux rêves, curieux songes ou cauchemars, notre sommeil n’est pas habité des mêmes images. Nous évacuons de bien des manières en ces jours de confinement et un fait est certain : nous rêvons tous d’évasion !
(Anne-Sophie Debauche - Source: Le Vif - Illustration : Pixabay - Claudio_Scott)