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Hum'euro #5 - Ballon rond ou ballon ronron?

L’Euro 2020 commencera, enfin, ce week-end après un inutile tour de chauffe. Un tour de chauffe sans la moindre surprise, sans la moindre Islande pour égayer les débats. Les huit équipes promises à l’élimination ont tenu leur promesse. Et les seize équipes attendues en huitièmes sont en … huitièmes de finale.

Pour arriver aux huit affiches des huitièmes de finale, il aura donc fallu passer par trente-six matches sans enjeu, sinon celui de faire du contenu pour les télé d’Europe. 3.240 minutes de télé, avec en amont et en aval, mais aussi à babord et à tribord, des plateaux télés d’experts -(certes, pas virologues pour un sou, il n’aurait manqué que ça)- qui ont blablaté au moins encore 3.240 minutes supplémentaires en guise d’échauffement, de troisième mi-temps et surtout, de support aux annonceurs.

Le football, en format phase de groupes de l’Euro 2020, n’aura finalement été qu’un aquarium géant avec seize gros poissons nageant alternativement 3 x 45 minutes dans un sens puis 3 x 45 minutes dans l’autre sens pour, dans un bâillement ichtyen d’ennui, bouffer par inadvertance le menu fretin, les huit petits poissons. Avec dans le rôle de pompe à air, des journalistes et consultants, anciennes gloires du foot dont le blabla a tenu du blou-blou sonore tout en bulles.

Sur les terrains il y a eu tellement peu de jeu, tellement peu de suspense, que seul le trémolo surjoué des commentateurs a tenté de donner l’illusion qu’il y avait bien match : Ah ! La France n’en mène pas large! Ah ! La Mannschaft à la dérive ! Ah ! Le Portugal ! Ah ! La Croatie ! et patati et patata ! Ah ! Les Diables ne trouvent pas la solution ! Ah !? Ah !

Il y a fort à parier cependant que les spectateurs n’en ont eu cure. Le principal, pour la plupart d’entre nous, a été surtout de retrouver le chemin des terrasses de café avec vue facultative sur l’écran géant installé par le brasseur. Et ce, pour regoûter au plaisir de la foule, de la convivialité, de la fête et de la bière qui coule à flots. Même les incidents (Eriksen et l’arc-en-ciel de Munich) surexploités jusqu’à la corde n’ont pas pesé bien lourd sur ces deux dernières semaines qui ont eu surtout un parfum post-covid de retour à la normalité. Avec un ballon ronron pour nous faire ronronner d’un plaisir retrouvé.

(Dupk/Picture : Pixabay)

 

Dirk Diederich

Dirk Diederich

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