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Le pouvoir russe s'enfonce, entre déni et réalité

Le pouvoir russe, pris dans un tourbillon propagandiste de contradictions sémantiques depuis le début de l'invasion de l'Ukraine, tente désespérément de préserver sa population de l'impact de la contre-offensive ukrainienne dans la région de Koursk. La stratégie de contrôle social orchestrée par le régime de Vladimir Poutine a du plomb dans l'aile depuis l'audacieuse attaque ukrainienne, lancée le 6 août.

Derrière le terme d' "opération militaire spéciale pudiquement utilisé par le Kremlin, Moscou déploie un arsenal de mesures destinées à maintenir une façade de normalité. Les médias sont soumis à un contrôle rigoureux, tandis que les importations occidentales sont progressivement remplacées par des produits asiatiques. Cette manoeuvre vise à plonger la population urbaine dans un océan d'ignorance et de propagande, créant ainsi l'impression que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes poutiniens.

L'armée russe, qui a besoin de bras, recrute discrètement dans les zones périurbaines et rurales, ciblant particulièrement les minorités, tandis que les citadins sont incité à "penser à autre chose".

Pourtant, arrivée à 500 kilomètres de Moscou, l'opération boomerang ukrainienne ébranle le récit officiel. Depuis une semaine, le gouvernement russe ne sait comment qualifier l'événement, d'abord présenté comme une "provocation" avant d'etre ravalé au rang de "terrorisme".

Le Kremlin tente désespérémengt de faire de l'opération ukrainienne une affaire intérieure mais au-delà des questions rhétoriques, le mur du silence commence à se fissurer.

La contre-attaque ukrainienne ne perturbe pas seulement la population, mais aussi les militaires et les fonctionnaires qui gravitent autour du pouvoir. Les familles desconscrits faits prisonniers sont inquiètes, les gouverneurs de province sont sur les dents et les ministères se renvoient la balle, soulignant un climat d'incertitude et une flagrante inefficacité.

Dix jours après le début des opérations ukrainienne vers Koursk, la faiblesse de structure de commandement russe est mise à nu et la Russie se retrouve acculée, obligée de choisir entre déni et réalité, alors que les fissures dans son appareil militaire et administratif commencent à se faire jour, révélant les tensions internes d'un régime qui cherche désespérément à maintenir son emprise sur une population de plus en plus consciente des contradictions de son pouvoir.

Photo :Joursk, Russie, 18 août: des civils evacués de la zone frontalière avec l'Ukraine evacuated sont installés dans des abris temporaires au centre de Koursk.

(LpR -Source : le Grand Continent/Picture : picture alliance / Anadolu | Vladimir Aleksandrov)

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Journaliste FR @Tagtik - Rubriques politique - société - économie - conflits

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