Environnement

L’heure est à la quête de LA plus belle photo, celle qui générera le plus de commentaires, qui suscitera le plus de réactions, le Graal.

Une fois les pieds pris dans cette mode, il est difficile de s’en défaire. Les gens sont constamment à l’affut de leur image, de leur égo mis en scène. Il n’y a plus de place pour la découverte de l’Autre, du monde inconnu et des frissons de la différence. Le seul désir de trouvailles revêt un caractère purement esthétique : il s’agit de déterminer qui aura la photo la plus instagramable, celle qui décrochera le plus de buzz. Et c’est à cause des dictats d’Instagram que des régions jusqu’alors peu prisées, deviennent l’attraction de touristes mordus de beauté narcissique. Rien n’est laissé au hasard.

Regardez ce cliché d’une femme au milieu d’un champ de coquelicots en Californie, la photo de cet homme niché au plus haut, sur la pointe des pieds au sommet de la Norvège, vous pensez qu’ils se sont trouvés là seuls ? Par la force unique de leur esprit aventurier ? Faux. Ils reproduisent simplement les clichés d’autres avant eux. L’ère est à la copie. Si certains sont certes précurseurs et épris de découvertes, ils se trompent en pensant que leur influence n’ira pas remuer les terres des sites qu’ils foulent. Au contraire, leur influence est parfois telle qu’elle inonde les pensées d’instagrameurs toujours en quête de notoriété. C’est ainsi que la pollution des terres commencent…

Et cette contamination n’est pas sans conséquences. Les riverains de certaines villes, jusqu’alors tranquilles dans leur coin de paradis, se font sans cesse déranger par le flux de flashs, de nuisances sonores, de passages, et en font part aux autorités. Ces dernières sont appelées à rétablir l’ordre en interdisant la fréquentation des lieux, en barrant les routes et en évitant les dégradations.

Parmi ces lieux réputés pour n’avoir, à la base, rien qui ne fasse rougir le Taj Mahal et qui se retrouvent en une des guides Instagram, cinq sont en haut du classement :

• Le Sud de la Californie: région qui abrite les collines du Walker Canyon connues pour leurs champs de fleurs et plus particulièrement de coquelicots. Merveilles de la végétation piétinées par les poseurs suspendus aux likes.
• Fuerteventura et sa plage de « pop-corn » : lieu qui a affolé la toile et rendu accros les amateurs de « jolies » photos avec ses algues calcaires ressemblant fortement à du maïs soufflé.
• Paris, XIIe arrondissement, la rue Crémieux: coquettes façades aux nombreuses couleurs, havre de paix, décor romantique, cette rue réveille l’imaginaire des instagrameurs qui sont des milliers à venir photographier leur propre personne.
• La fameuse île de Santorin, Grèce : habitée de maisons blanches vêtues de toits bleus avec la mer Egée pour toile de fond, chaque année en été, l’île compte des milliers de touristes et fait vibrer les réseaux sociaux avec le célèbre hashtag « Santorini ».
• Trolltunga, le rocher de Norvège: falaise de 700 mètres de haut qui s’étend au-dessus du lac Ringedalsvatnet et offre une vue imprenable sur les fjords. Alors que vous pourriez vous croire seul au monde, aujourd’hui les photographes du net y font la file pour alimenter leurs réseaux sociaux.

Alors, même si la tentation est au bout de votre appareil photo, n’oubliez pas que derrière la beauté d’une image, se cache parfois une nature bouleversée par les excès de l’influence.

(AsD - Source : OuestFrance/ Rtbf/ topito - Illustration : Pixabay - Quinntheislander)