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Bruce Springsteen est "Born In The USA" il y a 40 ans !

A notre avis, le double album "The River" et son successeur le décharné "Nebraska" en 1982 s’imposent avec peu de doute comme les plus grands chefs d’oeuvre du Bruce Springsteen.

 Le gars modeste du New Jersey aux racines italiennes a écrit des dizaines de chansons qui dissèquent l’Amérique profonde avec lucidité, bienveillance et générosité. En matière de générosité, à l’instar de Taylor Swift, le Boss laisse régulièrement derrière lui un chèque pour une association ou pour les ouvriers d’une usine qui ferme. On ne l’apprend généralement que beaucoup plus tard. Ou bien jamais. On lui pardonnera donc, lors de son passage à Werchter (Belgique) en 2023, d’avoir laissé le cabinet d’audit Deloitte mais aussi les luxueuses berlines allemandes BMW imposer leur sponsoring à ses côtés. Un petit couac face aux valeurs que l’artiste affirme défendre depuis des décennies.

 Mais revenons à "Born In The USA" qui sort officiellement aux Etats-Unis le 4 juin 1984, un album qui mêle un patriotisme exacerbé à un discours clairement protestataire. Physiquement transformé, muscles saillants dans un t-shirt blanc très ajusté, le chanteur affiche des biscoteaux forgés dans les salles de sport. Parfaitement hétérp mais soutien indéfectible du mariage entre personnes du même sexe, il déclarera quelques années plus tard dans son auto-biographie qu’avec un look comme celui qu'il affiche sur la pochette « il aurait été à sa place dans n’importe quel bar cuir de Christophe Street (un des lieux de drague gay à Greenwich Village) ». A l’époque, les journaux bien pensants ainsi que les rockers lambdas découvraient les secrets du "hanky code" (le code mouchoir), le langage de la drague homo par bandana interposé signalant discrètement les restations demandées ou proposées. A ce jour, selon nos informations, le principal intéressé est resté globalement muet sur le sujet.

 Par contre, la chanson titre de l’album a souvent été réduite à un hymne patriotique sans grande finesse au point que Donald Trump s’en est emparé dès 2016 lors de ses meetings MAGA (Make America Great Again) dans sa campagne présidentielle contre Hillary Clinton. Mais la seule chose que les deux hommes ot en commun est la couleur de leur casquette : rouge. Furieux, le Boss a d’ailleurs invité ses fans à préférer la candidate démocrate à l’homme d’affaires sulfureux. D’ailleurs en fait de grandeur américaine, "Born In The USA" met surtout en lumière les difficultés des vétérans de la guerre du Vietnam à retrouver une place dans la société qui les a envoyé au combat. Les anciens de la Guerre du Golfe ont aussi connu et connaissent encore les mêmes déboires.

 Longue de 158 dates, étalées sur deux ans, la tournée qui a suivi cet album charnière reste la plus longue (et jusqu’à présent la plus lucrative) que le musicien ait jamais montée. A plus d’un titre "Born In The USA" s’impose donc comme son album de tous les records… Nos refrains préférés restent cepenant My "Hometown", "Downbound Train" et surtout "Im On Fire"

(AK - Photo : Etienne Tordoir)

Photo : Bruce Springsteen sur la scène du Ahoy de Amsterdam (Pays-Bas) pendant la tournée "Born In The USA" en juin 1985 (© Etienne Tordoir)

AK

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Journaliste @tagtik FR - Music, cullture, festivals

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