Bruyneel va-t-il tout déballer?
Hein Verbruggen, l'ancien président de l'UCI (1991-205) doit avoir du mal à trouver le sommeil, en ce moment. Car la prochaine comparution de Johan Bruyneel devant la LVB et les instances internationales du cyclisme s'annonce comme un déballage plutôt nauséabond. Aujourd'hui, plus personne n'est assez naïf pour croire que Bruyneel ait pu ne pas être au courant du "système de dopage le plus sophistiqué jamais vu dans l'histoire du sport". Mais nombreux sont ceux qui connaissent suffisamment Bruyneel pour savoir qu'il ne voudra pas plonger tout seul. Accablé par le rapport de l'USADA qui le désigne comme l'instigateur ou le premier complice de ce système, le mentor d'Armstrong pendant ces années de triche n'aura-t-il pas envie de cracher le morceau et de sortir tous les cadavres puants des tiroirs? Comment se fait-il que Bruyneel ait été prévenu systématiquement avant les contrôles antidopage? Et qui le prévenait? Comment a-t-il pu s'arranger avec les instances sportives pour que celles-ci ferment les yeux sur un contrôle positif d'Armstrong (EPO, Tour de Suisse 2001)? Etait-il omnipotent au point, comme on le murmure, de dénoncer les coureurs infidèles (Beltran, Heras), gênants (Hamilton, Mayo) ou désobéissants (Frank Schleck) et de s'arranger pour les faire contrôler positif dès qu'ils quittaient son giron? Etait-il le boss du peloton comme les caïds sont les boss d'une mafia qui fait marcher tout le monde au pas? A-t-il acheté le silence de certains à coup de centaines de milliers de dollars? Quelles étaient ses accointances exactes avec l'UCI et Verbruggen? Autant de questions auxquelles certains préféreraient sans doute ne pas le voir répondre. Car si Bruyneel se met à laver son linge sale au grand jour, le jeu de dominos qui risque de s'enclencher et les dégâts collatéraux ainsi provoqués pourraient bien faire l'effet d'une nouvelle déflagration. Après la fusion entre Leopard-Trek et RadioSchack, Flavio Becca avait dit de Bruyneel qu'il était "le Mourinho du cyclisme". Demain, il risque de se retrouver dans la peau du manager pestiféré. Depuis qu'il a été licencié par son employeur luxembourgeois, Bruyneel est en tous cas un homme qui n'a strictement plus rien à perdre... (LB/Picture : Belga)