Buzz à la Vuelta : un moteur dans le vélo des Movistar?
Y a-t-il des tricheurs dans le peloton professionnel? La question agite la caravane de la Vuelta où les commentaires vont bon train après la publication d'images vidéo tournées par un amateur et qui ont rapidement fait le tour du monde.
Les faits remontent à l'étape de dimanche dernier, neuvième de cette Vuelta, avec arrivée au sommet à Cumbre del Sol, où Tom Dumoulin s'était imposé devant Chris Froome. Sur les images tournée par ce vidéaste amateur, on voit la voiture de l'équipe Movistar s'arrêter face caméra, le mécanicien descendre de la voiture une selle et un tube à la main (?!), poser la selle au sol et descendre un vélo sans roue avant (et sans selle!) de la galerie de la voiture.
Arrive alors en courant un assistant de l'équipe Movistar, chargé du ravitaillement en bidons et posté un peu plus loin sur la route. Désignant à son collègue le vélo et la selle qu'il vient de sortir de la voiture, il lui crie très clairement "cache-le!" avant de remonter à l'arrière de la voiture, qui repart à grande vitesse. L'assistant s'éloigne alors avec ce (compromettant?) matériel sous la main, à contresens de la course...
Quelques questions viennent immédiatement à l'esprit. Pourquoi la voiture de la Movistar s'arrête-t-elle en pleine bagarre et en pleine étape de montagne (arrivée à 19%) pour décharger du matériel de sa voiture? Pourquoi s'arrête-t-elle alors qu'elle n'a aucun coureur à dépanner? Pourquoi le mécano tient-il cette selle et son tube en main lorsqu'il sort de la voiture? Pourquoi se débarrasse-t-il d'un vélo sans roue avant et sans selle? Pourquoi conseille-t-il à son assistant de cacher ce matériel?
Parce qu'il sait que l'UCI diligente désormais des contrôles de vérification des vélos à la fin des étapes? Parce que certains des coureurs utiliseraient des vélos à moteur dans la première partie de la course, arrivant ainsi plus frais au pied de la dernière ascension et échappant ainsi aux contrôles à l'arrivée (samedi, les vérifications sur les vélos de Aru, Quintana, Purito Rodriguez et Pozzovivo n'ont rien donné...)?
Seuls les plus naïfs feignent aujourd'hui d'ignorer qu'il existe désormais de minuscules moteurs électriques, dérivés du modélisme, qui développent de 30 à 500 watts et qui sont suffisant pour changer la face d'une course ou d'une carrière. "Actionnables à distance, via bluetooth depuis un ordinateur ou une tablette, ils peuvent même être programmés pour s'enclencher lorsque le coureur dépasse une certaine fréquence cardiaque", écrit en susbstance la Gazzetta dello Sport, qui précise que ce type d'appareillage offre une autonomie de 4 ou 5 heures.
Sur la toile, où cet incident a fait un énorme buzz, les interrogations fleurissent. Que va bien pouvoir faire l'assistant de ces pièces de vélo (une selle, un tube, un cadre sans roue avant) alors qu'il file discrètement à contresens de la course? Les offrir à des spectateurs au bord de la route? Ou les planquer dans un lieu sûr et préparé à l'avance? L'UCi ferait sans doute bien de se pencher sur ces questions qui rappellent étrangement les accusations qui avaient pesé sur Cancellara lors d'une campagne printanière de triste mémoire.
Il y a vraisemblablement toujours des mobylettes dans le peloton. On attend avec impatience les explications de la Movistar...
(LPR/Picture : © Belga)