Tour : une étape vide de sens, merci qui ?
On a coutume de se moquer des déclarations futiles, sans intérêt et vide de sens des footballeurs au terme d'un match. Le sempiternel "il faut garder les pieds sur terre" en a fait rire et énerver plus d'un. Mais ce serait vite oublier un autre genre de spécialiste de l'interview: les directeurs sportifs des équipes cyclistes. Pourtant, avec les responsabilités qu'ils ont sur les épaules, le public, qu'il soit massé le long des routes ou devant sa télévision, est en droit d'attendre des déclarations avec du contenu et de l'analyse fine. Ce public devra être patient car à de rares exceptions, on se demande si ces directeurs, qui n'ont que le nom, connaissent quelque chose en vélo. A moins qu'ils ont leur propre lecture de ce qu'est une course cycliste. Au terme d'une grande farce comme cette étape de dimanche qui a vu les équipes adverses de Froome rouler pour lui (!) pendant les 120 derniers kilomètres, rares étaient ceux qui remettaient en question leur stratégie de course. Pourtant la tactique choisie n'a été comprise par aucun commentateur TV. Un rapide zapping sur les chaînes et sites web belges, néerlandais, anglais, espagnols et italiens démontrait cette incompréhension. Bjarne Riis, directeur de l'équipe Saxo de Contador, était lui très satisfait de la journée. Mais pour quelle raison ? Pas de victoire d'étape et pas de secondes gagnées sur le maillot jaune. Riis semblait juste heureux que ses hommes forts aient pu suivre Froome… une fois que ce dernier avait perdu tous ses équipiers et qu'il se retrouvait ainsi seul avec tous ses plus proches adversaires. Bernard Hinault, qui ne dit pas que des conneries, avait d'ailleurs pointé depuis longtemps l'un des maux du vélo : "vous savez ce que je pense des directeurs sportifs, ils sont...." Bien vu le blaireau. Et les spectateurs sont plus que jamais des pigeons. (A.C/Picture:Belga)