Peut-on faire vieillir un rosé en cave?
L'été joue les prolongations et les rosés restent, pour quelques jours encore, à l'honneur sur les terrasses et les tables de jardin. Mais que faire des bouteilles que vous n'aurez pas consommées quand le soleil aura rangé définitivement ses tréteaux ? Les conserver ? Supportent-elles une garde prolongée en cave ? Les rosés sont-ils faits pour vieillir ?
Soyons clairs pour commencer : les rosés de soif (ou de piscine) achetés à petit prix en hypermarché, aux arômes séduisants autant qu'artificiels, à la robe d'un rose à peine perceptible, ne sont pas faits pour la garde. Sont-ils même faits pour être bus ? Nous laissons la réponse à votre sagacité...
La grande majorité des rosés que nous connaissons sont des vins de plaisir et de l'instant : mieux vaut les boire dans les 12 mois après le millésime indiqués sur l'étiquette. Mais il existe des rosés qui se bonifient avec les années et qui supportent même quelques années de cave.
Intéressons-nous donc aux rosés plus qualitatifs, élaborés par des vignerons un peu plus ambitieux :
Rappelons pour commencer un principe de base : le rosé, qu’il soit de pressurage direct ou de “saignée” sur des cuves de vin rouge, est un vin qui n'est que brièvement en contact avec la pulpe et la peau du raisin. Par conséquent, il est peu tannique et d’une matière peu dense. Vinifié et élevé (brièvement) en cuve, il ne possède aucune des qualités a priori requises pour la garde.
Même les meilleurs rosés, en vérité, sont des vins vinifiés sur le fruit et destinés à être bus un an après leur récolte, surtout pour les rosés très pâles de pressurage direct (on presse des raisins rouges et on tire le jus rapidement, avant qu’il ne se colore trop).
Pour les rosés de saignée (obtenus au cours de la vinification de vins rouges dont on prélève une petite partie du jus pour obtenir un rosé un peu plus coloré) qui offrent un peu plus de matière, une garde de un à deux ans est envisageable.
Enfin, il existe une élite parmi les rosé qui peut se garder un peu plus longtemps. Reconnaissables à leur couleur assez intense (saignée), ils se conservent jusqu'à 3 ans, dans de bonnes conditions et sont en général issus de cépages un peu plus tanniques, comme les bandols (proportion importante de mourvèdre) ou certains rosés intégrant, par exemple, de la syrah, du cabernet sauvignon ou du cabernet franc.
Enfin, exception qui confirme la règle, les rosés de très longue garde, plus colorés encore et élevés sous bois (barriques ou foudres) dont l’exemple le plus connu est sans doute le rosé en appellation Palette du Château Simone, peuvent vieillir dix ans et plus. Mais nous parlons là d'un vin dont les prix n'ont plus rien à voir avec les rosés que vous sirotez l'été les pieds dans l'eau...
(LpR/Picture : Art Tower via Pixabay)