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Le vrai plaisir automobile existe encore en 2024

Prendre le volant, et même être passager, d’une Alpine A110, c’est une expérience hors du commun. Et même dans la GT censée être moins radicale, cela reste redoutable et intemporel.

« Oufti binamé !* », c’est certainement ce que l’on pourrait dire à Liège (Belgique) pour exprimer les émotions vécues à bord de l’Alpine A110 GT. Difficile de ne pas aimer cette voiture, si on aime les automobiles. Le style fait référence au coupé biplace historique de la marque. Mais nous sommes en 2024, il faudra donc sans doute faire des concessions pense-t-on. À part le multimédia à bord, cette Française a pourtant gardé une âme frondeuse hors des standards actuels de l’automobile. Elle hurle, elle tape aux fesses et elle n’est pas du tout autonome. Malgré sa boîte robotisée et le petit écran, il n’y a pas d’affichage tête haute, mais un combiné numérique facile à surveiller.

La belle symphonie

Derrière les deux sièges se trouve un 1.8 l turbo en position centrale arrière. Il envoie 300 ch vers les roues arrière. Quant à la transmission, c’est une boîte Getrag à double embrayage. Des boutons permettent d’enclencher la marche avant ou la marche arrière après avoir appuyé sur le bouton rouge de démarrage sur le tunnel central. Réponse immédiate de la bête avec un broum d’accueil. La sonorité de l’échappement est loin d’être en sourdine dans l’A110. Le ronronnement résonne astucieusement pour les relais sur l’autoroute et la balade de frime en ville. Mais quand la route se dégage, elle prend enfin vie. Et là, mes amis, c’est un autre univers. Surtout quand on touche au bouton rouge sur le volant.

La kiffance

Ce bouton rouge est magique. Les accélérations sont délicieusement franches et joyeusement hurlantes. Et quand on jongle avec les palettes, on peut laisser exprimer tout le caractère de l’Alpine. Car il faut absolument abuser des palettes bien grandes comme il faut. Sur ses roues 18 pouces, l’A110 GT montre qu’elle est une vraie sportive, légère et faisant peu de concessions. On est assis sur la route et les revêtements de mauvaise qualité la font tressauter. Par contre, niveau plaisir, c’est un régal. Les virages peuvent s’enchaîner sans perte de contrôle. Et puis, le freinage tient le cap. Un plaisir d’accélération et de maniement pour prendre son pied sans forcément faire sauter griller les fusibles des radars. Même s’il est nécessaire de contrôler sa vitesse qui peut très vite monter, tant on est grisé par la vivacité de l’engin. Celui-ci est quand même limité à 250 km/h pour les virées sur circuit ou sur Autobahn allemande sans limitation.

Un peu de luxe

Le suffixe GT doit signifier un habillage luxueux. Bon, pour presque 80.000 € ou 81.000 francs suisses, l’Alpine A110 n’a pas sorti la robe de soirée, mais un survêt classe. Il y a du cuir, de l’Alcantara et des sièges sport. Le conducteur a un pédalier sport et le passager une plaque en métal pour poser ses pieds, à l’ancienne. Ce qui est aussi une référence au passé d’Alpine dans le rallye. GT d’accord, mais avec un coffre ridicule, sans boîte à gants et sans vide-poche dans les portes. Pour adeptes du grand tourisme léger et spartiate en quelque sorte. Pour se donner du rythme ou se calmer, on peut éventuellement se laisser bercer par le système multimédia Focal Premium avec subwoofer intégré. Le principal défaut de cette voiture : elle est addictive.

* « Oufti binamé », c’est une expression en liégeois. On pourrait traduire ça très approximativement par « Peuchère la bonne mère ».

(Olivier Duquesne – Source : Alpine – Picture : © Olivier Duquesne)

Olivier Duquesne

Olivier Duquesne

Journaliste FR @ Tagtik - Rubriques auto et mobilité

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