Né un 2 octobre : Sting, pas de retraite annoncée pour l’infatigable chanteur
Gordon Matthew Thomas Sumner, plus connu sous le nom de Sting, voit le jour le 2 octobre 1951 à Newcastle, au Royaume-Uni. L’aîné de la famille grandit près des chantiers navals qui font vivre la région, dans un foyer modeste et ouvrier.
Il s’intéresse très vite à la musique, encouragé par sa mère, pianiste amateure et férue de comédies musicales. Il s’initie notamment au piano, à l’harmonica ou encore à la mandoline. ''J’apprenais la musique avec mon tourne-disque. Je décortiquais les disques des Beatles avec une obsession maniaque, en remettant des centaines de fois l’aiguille du pick-up pour analyser l’enchaînement magique des accords, la trame d’un riff, un solo de guitare" confiera-t-il des années plus tard lors d’une interview.
Mais c’est une autre carrière qu’il entame âgé d’à peine vingt ans puisqu’il devient professeur à la St. Paul’s Middle School de Cramlington. Il est cependant vite rattrapé par sa passion pour la musique, qu’il assouvit en squattant les clubs du coin et en rejoignant un groupe local de jazz, The Phoenix Jazzmen.
Alors qu’il arbore un soir un pull noir à rayures jaunes, ses amis du groupe le chambrent et le surnomment "Sting". En anglais le mot signifie "dard" et ce pull-over leur faisait définitivement penser à une abeille. C’est ainsi qu’une blague un peu potache offrit son nom de scène à la future star internationale.
Quelques temps plus tard, le groupe, qui proposait jusqu’alors uniquement des reprises, décide de donner un nouvel essor à son répertoire et de proposer des compositions originales. Mais, surprise et désillusion, malgré son talent évident Sting ne connaît pas le solfège. Il est viré de la bande sans ménagement. Il apprend cependant le solfège en un mois mais ne pourra pas reprendre sa place auprès de ses anciens complices. Il avait déjà été remplacé.
Qu’à cela ne tienne, Sting rejoint alors The Last Exit. Le groupe décide de partir à Londres pour y tenter sa chance. Exit le job de professeur, le jeune artiste décide de tout miser sur sa carrière dans la musique, au grand dam de son père qui souhaitait qu’il choisisse "un vrai métier".
Dans la capitale britannique, Sting, dont on ne sait pas s’il a gardé le fameux pull mais qui connaît à présent le solfège, est repéré lors d’une soirée par Stewart Copeland, qui lui propose de devenir bassiste pour le groupe pop-rock The Police, aux côtés de Stewart Copeland et d'Andy Summers. Leur premier album, "Outlandos d’amour", sort en 1978. Il contient l’incontournable tube "Roxanne". C’est lors d’un séjour à Paris que Sting écrit ce qui deviendra un hit. Il y conte l’histoire d’un homme qui tombe amoureux d’une prostituée et décide de lui venir en aide. Le sujet lui est inspiré par un quartier de Paris fréquenté par des prostituées, non loin de l’hôtel dans lequel il séjourne. Le prénom, lui, viendra comme une évidence devant une affiche de la pièce "Cyrano de Bergerac" dans laquelle un des personnages se prénomme Roxane. Autre anecdote : lors de l’enregistrement du titre, Sting s’assied par mégarde sur le piano et rit aux éclats. Sa maladresse sera gardée dans les premières secondes du morceau et lui confère sans doute un peu de cette aura qui en fera un tube. Les singles "Message in the Bottle" et "Walking on the Moon" viendront ensuite confirmer la notoriété de The Police.
En 1980 "Zenyatta mondatta" est le deuxième album du groupe, suivi de "Ghost in the machine" un an plus tard. Les sorties s’enchaînent ensuite, avec pas moins de cinq albums en six ans. En 1983 "Synchronicity" contient un de leurs tubes légendaires avec "Every Breath you Take". Combien de slows ont-ils été dansés sur cette chanson, écrite pendant la fin du premier mariage de Sting qui racontera plus tard l’avoir écrite en pleine dépression ? "Je me suis réveillé au milieu de la nuit avec cette ligne dans la tête, je me suis assis au piano et je l'ai écrite en une demi-heure. Cela ressemble à une chanson d'amour réconfortante. Je n'avais pas réalisé à l'époque à quel point c'était sinistre".
À la fin de leur tournée "Synchronicity Tour", à Melbourne, le groupe annonce qu'il fait une pause et qu'il prend une année sabbatique. L’année annoncée durera cependant bien plus longtemps que prévu puisque The Police ne se retrouvera plus jamais en studio. En 1985, l’enfant de Newcastle entame alors une carrière solo et propose au public son premier opus, "The Dream Of The Blue Turtles". L’album reçoit un accueil enthousiaste de la presse et du public et contient quelques pépites comme "Russians" (qui parle de la Guerre Froide) ou "If You Love Somedbody Set Them Free". Premières places dans les charts UK également pour les albums suivants, "Nothing Like the Sun" (où il collabore avec Eric Clapton) et "The Soul Cages", inspiré par le décès de son père et avec Manu Katché comme batteur.
Deux ans plus tard, "Ten Summoner's Tales" voit le jour. Le chanteur, toujours aussi productif, propose ensuite "Brand New Day" qui comporte entre autres le single "Desert Rose" en duo avec Cheb Mami et qui devient rapidement un hit international. L'année 2003 voit la sortie de "Sacred Love", qui rencontrera moins de succès que ses prédécesseurs. Trois ans plus tard c’est "Songs From The Labyrinth" qui sort dans les bacs.
En 2007, Sting retrouve ses anciens complices de The Police le temps d’une tournée autour du globe. "The Police Reunion Tour" rassemblera quelques 2,7 millions de fans, trente ans après les débuts du groupe. Sorti en juillet 2010, "Symphonicities"
Les années suivantes sont consacrées aux tournées, dont une avec Paul Simon en 2014. En 2015 c’est avec Mylène Farmer qu’il s’associe sur le titre "Stolen Car" qui se classe rapidement numéro 1 des ventes en France et aux USA. En 2016, c’est de Peter Gabriel que Sting se rapproche pour une tournée de 21 concerts aux USA. La même année sort son nouvel album intitulé "57th & 9th" qui marque son retour à un rock plus abrasif mais également le soutien de Sting à de nombreuses causes, ici le réchauffement climatique avec "One Fine Day".
L’engagement du chanteur l’anime depuis toujours et sa notoriété lui a souvent permis de mettre en lumière des sujets qui lui tenaient à cœur. Il a notamment co-créé la Rainforest Foundation afin de préserver la forêt amazonienne et s’est régulièrement engagé dans des concerts caritatifs, par exemple pour Amesty International ou encore lors de l’évènement annuel qu’il organise avec sa femme, Trudie Styler.
En 2017, il part pour une tournée mondiale au cours de laquelle il se produit dans pas moins de 104 villes et 41 pays. Changement de style la même année avec la sortie de son nouvel opus, en collaboration avec Shaggy. En 2019, il revient à ses classiques avec l'album 'My Songs" dans lequel il revisite ses plus grands tubes en solo ou avec Police. La même année il chante "Reste" en duo avec Gims !
En 2021, pendant la pandémie, il ne reste pas inactif et enregistre "The Bridge", son quinzième album studio. Depuis, le chanteur aux plus de 100 millions d’albums vendus continue de fouler les scènes du monde entier et les festivals, comme cet été à Fontainebleau. Infatigable, inarrêtable, Sting fête aujourd’hui ses 73 ans. Ce père de six enfants (dont un fait désormais partie de son groupe) et maintenant grand-père le confiait récemment : "Il faut toujours rêver en grand". Le petit garçon fan des Beatles se disait certainement déjà la même chose, le regard perdu vers les chantiers navals de Newcastle.
(Cma - Photo : Etienne Tordoir)
Photo : Sting lors de sa tournée "My Songs" sur la scène du Gent Jazz Festival (Belgique) en juillet 2022 (© Etienne Tordoir)
