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Mode et Jeux Olympiques : la plus belle pour aller gagner!

 C’est chaque fois la même histoire. Les grandes compétitions déclenchent toujours des batailles homériques. Et il ne s’agit pas uniquement de course aux trophées ou de chasse aux records...
 
 En effet, la trêve olympique chère à Pierre de Coubertin n’a jamais existé pour les equipementiers. La lutte d’influence entre les deux frères ennemis Adidas (Adolf Dassler) et Puma (Rudolf Dassler) fournirait même un prétexte idéal au scenario d'une série Netflix. Trahison, coups bas et intrigues familiales, tous les ingrédients répondent à l'appel. Les deux frères ont fini par se faire partiellement damer le pion par les Américains de Nike apparus une vingtaine d'années après eux. Mais au moins, pour la discipline reine de l'athlétisme, chacun des protagonistes a toujours eu en point de mire l'amélioration des performances des athlètes et aussi la mise au point de la chaussure de sport la plus parfaite possible. Si vous êtes titillés par le combat des titans entre Adidas et Puma, sachez qu'une série de 2016 "Rivals Forever" tente déjà, assez joliment, de débroussailler l'écheveau.
 
 Chacune de ces trois marques sont aussi devenues des icônes de mode et proposent régulièrement des "sneakers" en collaboration avec des créateurs. Plus la série est limitée, plus le prix s'avère exorbitant. Kanye West pour Adidas (avant ses sorties médiatiques considérées comme antisémites), feu Virgil Abloh pour Nike ou Rihanna pour sa marque Fenty avec Puma ne constituent que quelques exemples...
 
 Mais pour les Jeux Olympiques de Paris 2024, on franchit une étape supplémentaire puisque LVMH, le plus grand groupe de luxe du monde (qui est aussi français faut-il le rappeler) a décroché la médaille de Partenaire Premium. Sans que cela ne soit confirmé officiellement, on parle d'un gros chèque de 150 millions d'euros. Très logiquement, la récente cérémonie d'ouverture sur (et le long) de la Seine a parfois ressemblé à un défilé de mode. Même si la pluie a  souvent obligé les apprentis mannequins à camoufler leurs chatoyantes tenues sous un coupe-vent !
 
A tout seigneur tout honneur, LVMH a confié la garde-robe d'apparat de l'équipe française à Berluti, plutôt spécialisée dans la chaussure de luxe. Carine Roitfeld, ancienne rédactrice en chef de "Vogue France", a servi de caution à l'ensemble. Et les tissus ont été choisis auprès de Nona Source, la plate-forme du groupe qui collecte ce qu'on appelle les "tissus dormants" (autrement dit les stocks inutilisés).
 
Les judokas français portaient eux des kimonos de la maison Kenzo, un autre fleuron du groupe. Louis Vuitton, la marque-phare, n'a pas été oubliée non plus avec un passage dans ses ateliers où les malles destinées à transporter les médailles olympiques ont été façonnées. Il y a fort à parier qu'on verra encore beaucoup les fameuses intiales LV au cours des prochaines semaines...
 
  Très logiquement, les deux rivaux de la France ne pouvaient que dégainer la grosse artillerie pour rester dans la course. Le maestro Giorgio Armani ne s'est pas fait prier longtemps pour hisser les couleurs de l'Italie avec sa marque plus décontractée Emporio.
 
Les Etats-Unis ont eux confié l'apparat à Ralph Lauren et le sport à l'autre fleuron national Nike. On peut aussi se réjouir qu'une place ait été laissée aux céateurs indépendants. C'est ainsi que Stella Jean, créatrice italo-haïtienne et militante anti-raciste, a fourni la garde-robe au pays de ses ancêtres tandis que, fondé par Foday Lumbuya, Labrum London (en collaboration avec Adidas) a mis son sens du "tailoring" anglais pimenté de couleurs d'Afrique de l'Ouest au servic du Sierra Leone.
 
  Mais, grâce aux tuniques ethniques dessinées par Michel et Amazonka, ce sont les athlètes mongols qui ont arraché sans coup férir la palme du plus beau costume lors du défilé des nations en ouverture de Jeux de Paris. Après leur travail dans le même cadre pour les JO de Tokyo (2020) et ceux d'hiver de Pékin (2022), les deux créatrices ont cette fois réussi à parfaitement moderniser l'histoire de ce vaste pays d'Asie Orientale (notament les silhouettes traditionnelles "deels") en les mêlant à des références stylistques capables de parler au plus grand nombre. Sans compter les accessoires indispensables (eux aussi mariant simplicité et inspiration ethnique), chaque silhouette a nécessité plus de 20 heures de travail. Mais au final, c'est bien la Mongolie qui a remporté la première médaille d'or des Jeux 2024 : celle du style...
 
(AK - Photo : © Catwalkpictures)
 
Photo : Final du défilé hommes printemps-été 2025 de Louis Vuitton qui s'est tenu à l'UNESCO de Paris (France) le 18 juin 2024 (© Catwalkpictures)
AK

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Journaliste @tagtik FR - Music, cullture, festivals

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