Deux maires japonais coupables de harcèlement et d'abus de pouvoir
Le 25 avril dernier, deux maires japonais ont officiellement annoncé leur démission et ont reconnu s'être rendus coupables de harcèlements à connotations sexuelles et d'abus de pouvoir.
Interrogé sur le fait d'avoir été conscient qu'il commettait des faits de harcèlement graves Kenji Imata, 54 ans, maire de Togo dans la préfecture d'Aichi a répondu : "Je suis une fois encore honteux de mon ignorance et de mon manque d'étude de la question. Je n'étais pas complètement conscient du harcèlement".
Le comité indépendant nommé par les autorités de la ville a dénombré 108 employés ayant été harcelés. D'après le comité, le maire démissionnaire aurait dit à une des victimes : "Je te tuerai si tu prends une année pour t'occuper de ton enfant".
Dans l'autre cas, Kazuo Okazaki, 76 ans, maire de Ikeda dans la préfecture de Gifu a été accusé par le comité indépendant de la ville d'avoir harcelé sexuellement 15 employées de la mairie. Il s'est notamment rendu coupable d'attouchements dans son bureau de fonction.
Il a déclaré : "Je ne pensais qu'à moi, je me voyais comme un empereur sans limites. J'étais totalement égoïste".
Toshiaki Eto, professeur à l'université de Taisho et spécialiste des pouvoirs locaux souligne que les dirigeants locaux ont du pouvoir sur la vie privée des employés. "Certains dirigeants ont la fausse idée que leur pouvoir est sans limites parce qu'ils ont été élus" a-t-il déclaré.
Ces deux affaires interviennent au moment où est publiée une étude montrant que deux employés sur trois au Japon, jeunes ou à mi-carrière, admettent avoir été victimes d'abus de pouvoir de la part de leurs supérieurs. La moitié des victimes reconnaissent l'avoir accepté "à contre-coeur".
L'étude a été menée entre le 13 et le 21 mars par Workport inc., prestataire de services de recrutement à Tokyo.
Malgré le fait qu'une loi sévère contre les abus de pouvoir a été votée en 2020 pour les grandes entreprises a été étendue aux petites et moyennes entreprises en 2022, le problème reste très important au Japon.
"Dans la plupart des cas, même si des mesures ont été prises, elles ne fonctionnent pas. Pour empêcher que ces mesures ne deviennent des fantômes, il est nécessaire d'aller plus loin pour protéger les victimes, en autorisant par exemple, l'intervention d'organisations externes" a déclaré un responsable de Workport.
(MYukio/Source: The Mainichi/The Asahi Shimbun/Photo: Yan Krukov/Pexels)