Fiasco nucléaire, qui sont les coupables?
Black out? Délestages? Coupures d'électricité? On ne parle plus que de ça et le constat est amer: le fiasco nucléaire annoncé devrait pourrir l'hiver des Belges. Mais qui sont les responsables de l'échec de ce dossier très mal géré, se demande La Libre ce vendredi.
Première piste avancée, la responsabilité d'Elia, le gestionnaire du réseau, en principe chargé d'assurer l'équilibre entre l'offre et la demande. Le 17 août 2018, Elia juge qu'il est inutile de constituer une réserve stratégique pour l'hiver. Un pari qui s'appuie sur une hypothèse pour le moins optimiste, voire farfelue: l'indisponibilité d'une seule centrale nucléaire durant l'hiver.
Or, en août, cinq réacteurs sur sept sont déjà à l'arrêt. Mais les mauvaises nouvelles vont ensuite s'accumuler sur notre parc nucléaire: c'est d'abord Electrabel qui annonce que le redémarrage de Doel 1 et 2 est remis à décembre. Ensuite, le redémarrage de Tihange 2 et Tihange 3 est reporté aux calendes grecques. L'imprudent scénario d'Elia s'écroule comme un château de cartes.
Deuxième coupable possible, la Ministre Marie-Christine Marghem, qui semble ne pas encore avoir compris qu'Electrabel n'a jamais respecté les plannings des travaux sur ses centrales nucléaires, l'entreprise modifiant ses estimations au fur et à mesure des découvertes sur le terrain. "Qui, à part vous, pouvait croire, le 21 septembre, qu'Electrabel aurait réparé Tihange 3 le 30 septembre alors qu'il avait déjà reporté quatre fois l'échéance?", s'étonne Jean-Marc Nollet, chef de groupe Ecolo, devant le manque de prévoyance de la Ministre et l'aveuglement naïf de son cabinet. Une coupable improvisation qui irrite jusque dans la coalition gouvernementale. Réagir plus tôt aurait en effet permis d'éviter la cacophonie sur la chasse aux mégawatts, en pleine campagne électorale.
Mais, même un constat lucide sur l'indisponibilité de plusieurs réacteurs nucléaires n'aurait pas permis de constituer une réserve stratégique pour l'hiver, vu le peu de moyens disponibles pour la constituer, notent les experts.
Alors, tous fautifs? Et si, finalement, le coupable était notre forte dépendance nucléaire, la Belgique étant obligée de se tourner vers les importations en cas de couac. Le gouvernement Michel, comme ses prédécesseurs, n'a pas fait grand chose, pour garantir une forme d'autonomie énergétique de notre pays...
(LpR - Source : La Libre/Picture : Belga)