Société

L’amour, le grand, le fort, l’indestructible est-il en train de perdre son identité romantique ? Sauveur de tous les maux, il représente alors l’essence même du bonheur, il est le ciment du couple. Aujourd’hui, la donne change. Avec l'avènement des applications de rencontres, l’image de l’amour est ternie, les gens s’aiment trop vite.

Tout se défait. Les couples se forment, s’aiment et se lassent. Et au lieu de recoudre le bouton de leur chemise ils la jettent et en rachètent une autre. A cette image, les amoureux se font vite ex et piochent de quoi les satisfaire à nouveau dans cette société qui respire l’abondance. Alors qu’avant les bons partenaires n’étaient pas facilement repérables et les pots s’emboitaient rarement aux bons couvercles, il fallait s’accrocher, fort, à celui ou celle qui venait enfin se présenter comme l’âme sœur. Trouver la perle n’était pas une mince affaire, lorsqu’elle était sous vos yeux, un seul mot d’ordre résonnait : ne pas la laisser filer. Les gens pensaient que l’amour était une obligation et à force de croyance, ils finissaient par réellement s’aimer.

La destinée, l’âme sœur, les rencontres écrites, il apparaitrait que toutes ces belles notions n’aient leur place qu’au septième art, à la télévision ou dans toutes ces séries Netflix (et encore). Actuellement, le monde de Tinder et des réseaux sociaux offre une panoplie de nouveaux éventuels partenaires. Autant de nouvelles conquêtes que d’échanges vides et de relations éphémères. Il y a tellement à voir et à consommer qu’on ne sait plus à qui confier son cœur. Plus encore, la peur de l’engagement au mépris de l’indépendance chère à chacun, l’envie de trouver le bonheur dans le célibat, de s’épanouir seul, les doutes que sèment la relation de couple, viennent abattre la romance. La société n’y croit plus vraiment.

Et pourtant… Il semble que le couple soit un facteur, un socle encore très important dans l’existence des gens. Comme l’avance la sociologue Marie Bergström dans La Libre, « la norme conjugale est plus forte que jamais », l’idée tenace que l’amour prend fin avec les sites de rencontres « montre avant tout notre adhésion à l’idéal amoureux ». Effectivement, même avec la volonté féroce de se réaliser au-delà de l’autre, sans personne à côté, le rêve de l’amour éternel continue de s’élever par-dessus tout. Malgré les manières de faire couple qui varient de plus en plus, la multiplication des rencontres, l’éventail des possibles qui s’ouvre plus grand, il semblerait que l’amour ne soit pas mort. Marie Bergström ajoute que « le couple reste très associé à l’image du bonheur ».

Et parce qu’il y a bien une certitude qui vaut dans ce brouillard actuel, celle de la fin de la vie, peut-être faudrait-il plonger plus que jamais dans le risque et l’espoir de la relation amoureuse. Malgré les réticences, les questionnements et l’aveu d’en vouloir plus et encore, il se pourrait bien que l’amour soit la seule vérité à partager, le seul sens à donner à ce monde avant le chapitre final.

(Anne-Sophie Debauche - Source : La Libre - Illustration : Pixabay - Free-Photos)