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Les signes des cambrioleurs sur nos maisons: info ou intox?

Dans le cadre des vols dans les habitations, tout le monde a peu ou prou entendu parler de l'alphabet des cambrioleurs. Pour mémoire, il s'agit d'un curieux alphabet que les bandes organisées utiliseraient avant de passer à l'action. Ces codes très particuliers fourniraient plus de trente indications différentes aux malfrats, chacune pouvant se lire seule ou constituer une somme d'informations utiles. Ainsi, les complices des cambrioleurs inscriraient à la craie ou au crayon ces symboles sur les habitations pour passer un message - "Attention : chien"; "Personne seule"; "Pas d'alarme", etc.- aux auteurs des vols. 

La Dernière Heure a voulu en savoir un peu plus sur le sujet. Cet étrange alphabet dont les médias nous parlent depuis vingt ans existe-t-il vraiment?

Selon la spécialiste belge des légendes urbaines, Aurore Van de Winkel, il n'y a plus place au doute : ce prétendu alphabet des cambrioleurs serait une 'fake news'. L'auteure du livre 'Les Légendes urbaines de Belgique' en est convaincue : il n'y "aucune preuve", répète-t-elle avant de souligner l'étonnante disproportion entre le grand nombre d'articles parus dans la presse belge sur le sujet et la rareté de cas réels signalés par la police.

Pour tordre le cou à cette légende urbaine, la docteure en Information et Communication de l'UCL s'appuie sur ses recherches propres et celles menées dans plusieurs pays voisins. Car l'alphabet des cambrioleurs ne serait pas qu'une spécialité belge.

Pour la petite histoire, en France, dans les années '20, cette liste de signes codés circulait déjà. Il y a quarante ans, dans le but de vérifier sa véracité, la gendarmerie de Bordeaux l'a transmise un peu partout à travers le pays. Mais en oubliant de joindre sa conclusion, qui indiquait que ces signes n'étaient pas utilisés par les voleurs mais par les démarcheurs à domicile (autrefois nombreux) comme repères mnémotechniques. La rumeur s'est très vite propagée hors frontières…

Cependant, à l'étranger, cette légende urbaine n'a pas vraiment convaincu. La police anglaise aurait émis les mêmes doutes.

Chez nous, pendant plusieurs années et encore jusqu'en 2012, les polices belges ont reproduit cette liste, mais à usage interne et à titre d'information uniquement, ce que les médias belges n'ont pas vraiment précisé. Aucun média n'a vraiment parlé non plus du scepticisme exprimé par les services de police, en particulier ceux de Liège et Bruxelles.

En attendant, cette légende urbaine a fait le fond de commerce des firmes de sécurité qui ont utilisé cette fausse rumeur dans leurs publicités afin de promouvoir la vente d'alarmes et de portes blindées...

(FvE - Source: La Dernière Heure - Illustration picture: Pixabay)

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