Mégalomanie : tout ce que vous devez savoir!
La mégalomanie ou folie des grandeurs désigne, selon le magazine Psychologies, « une ambition dévorante sur fond de mépris réel ». Ce trait de caractère est nourri par un sentiment de toute puissance qui pousse à déformer la réalité. Être mégalo c’est avoir une autre perception de soi, une vision embellie. Le jugement, la critique, les autres, le mégalo n’en a que faire. Même le reflet de son miroir n’entame pas ses croyances, il reste convaincu d’être le plus beau, le plus fort, le plus intelligent et que personne ne peut le surpasser.
Origine
Si la tendance est actuelle, elle a toujours existé. Elle nait de la fascination qu’enfant nous avons ressentie face à « la découverte de notre image dans le miroir ». La mégalomanie se dessine donc dans l’enfance, cette période durant laquelle l’estime de soi prend une place, se construit. Cette estime nous « autorisera à considérer que nous méritons le meilleur ». Au cœur de l’attention, l’enfant est regardé par ses parents, ses proches, son entourage, comme s’il était l’incarnation d’un dieu. Ses désirs deviennent ordres. C’est avec l’apparition de l’interdiction, vers l’âge de 6 ans, que cette impression d’être roi au milieu de tous s’évanouit. Les fantasmes les plus fous de supériorité s’effacent de façon naturelle. C’est ce qui s’appelle la « castration symbolique ». Le monde n’est pas un terrain de jeu où toutes les envies prennent forme. L’impossibilité entre alors en scène, la raison intègre cette notion et l’enfant comprend ce que sont les limites. Avec cette sagesse, il oublie (normalement) ses délires mégalo… Mais ce n’est pas le cas de tous.
Causes
Une relation parent-enfant trop fusionnelle qui ne pose aucun interdit et qui refuse que les autres s’en chargent est souvent considérée comme l’une des causes principales. C’est une relation qui range l’enfant à une place trop élevée. Il se sent privilégié et invincible. Un traumatisme ancien peut aussi être source de mégalomanie. L’abandon, la séparation, la perte de repères, ces blessures précoces ont besoin d’être compensées et c’est précisément au travers de cette passion exagérée pour soi même que la guérison voit le jour (l’impression de guérison). Le mégalo s’affirme au détriment de l’autre, de son existence. Il écrase sans aucun mal pour se faire remarquer. Les stars, les hommes politiques, les riches, sont les premiers à rencontrer ce comportement. Comme si l’argent les rendait intouchables…
Un réflexe salvateur
Puisque nous ne sommes jamais objectifs lorsqu’il s’agit de notre image, nous préférons parfois enjoliver les traits. Les personnes qui penchent vers le trop beau sont finalement plus heureuses et plus productives que les autres. Ceux-là mêmes qui ont une propension à la dévalorisation, qui se sous-estiment au point de connaitre la dépression. Mais attention aux espoirs sans limite, aux excès, ils peuvent conduire à la folie. Parfois aussi, l’amour excessif de ce que nous sommes amène à l’autodestruction. Basé sur une illusion, cet amour n’est que le résultat d’un reflet, d’une fausse image dont nous devenons esclaves.
Il faut bien sûr être un peu mégalo pour continuer, se faire un passage dans la vie. Il est salvateur de prendre conscience de ses capacités et de ne pas hésiter à les mettre en lumière.
Jusqu’où ira la mégalomanie ?
Pathologie ou normalité, il y a une frontière claire entre ces deux pôles. La mégalomanie pathologique se définit, toujours selon Psychologies, comme « un décrochage franc avec le réel ». Pour atteindre ses objectifs, le mégalo est prêt à tout, même au pire. Il peut tuer ou se tuer. Cette sensation de grandeur offrira à la paranoïa l’occasion de venir semer ses graines. Le mégalo aura sans cesse peur que le monde ne devienne un ennemi.
Malheureusement, à l’ère des réseaux sociaux, le phénomène n’est pas près de s’arrêter. Derrière un écran, sur toutes ces plateformes sociales, chacun peut se prétendre expert, se positionner en donneur de leçons. Les limites sont floues entre ce que nous sommes réellement et ce que nous prétendons être. Le virtuel dérègle nos perceptions et au normal se substitue le trop.
(Anne-Sophie Debauche - Source : Psychologies - Illustration : Pixabay - Johnhain)