Parties génitales en folie, ils traumatisent plus d'une femme
A défaut de tomber sur le grand amour dans la rue, certaines femmes s’essayent aux sites de rencontres. Ouverts à toutes et à tous, ils libèrent les désirs, de façon un peu trop vive parfois ! S’invitent alors les clichés osés et embarrassants. Sans rien voir venir, il peut être fort désagréable d’être confronté à des images de parties génitales en folie. Divertissement ou abus ? La limite est vite franchie.
Le phénomène de « dick pic » ou selfie libidineux n’est pas rare au sein des réseaux sociaux et sites de rencontres en ligne. « D’après une enquête réalisée en 2018 par YouGov, 53% des femmes de 18 à 36 ans et 35 % des 35-54 ans auraient déjà reçu un ‘dick pic’. Au-delà de 55 ans, cette proportion chute à 8%. » souligne le Vif Weekend. Beaucoup de femmes s’interrogent alors sur cette curieuse nécessité d’exhiber son sexe à tout-va et de manière tellement imprévisible.
En fait, les raisons qui poussent certains hommes à sortir leurs attributs sont variées. Les uns évoquent un besoin d’être rassurés sur la qualité de leur engin, les autres y voient un moyen simple d’apporter un peu de piment à la relation virtuelle. Pour d’autres encore, il s’agirait de provoquer une réaction positive du côté de leur interlocutrice et de l’amener, éventuellement, à reproduire le même cliché dévoilé. Besoin de reconnaissance ou simple envie de distraction, ce geste n’est pas anodin. On se souvient en France, d’un candidat à la mairie de Paris qui a dû abandonner son poste suite à l’exposition publique de vidéos intimes du même genre.
Jasmine Steurbaut, sexologue et psychologue, précise dans le Vif Weekend, que certains hommes « sont vraiment très fiers de leur zizi, qui devient pour eux un objet de vantardise ». Comme une espèce de principe tacite, on s’attend à ce que les hommes impressionnent, en mettent plein la vue, à la gente féminine particulièrement. Il en ressort que ce genre de photos à caractère sexuel symbolise un désir d’épater. « Ces messieurs s’imaginent à tort que ces photos excitent l’autre personne, alors que c’est tout le contraire. Cela s’appelle la ‘surperception sexuelle’ : bien des hommes surestiment leur propre attrait, ce qui les pousse à mal interpréter les signaux de l’autre sexe. » ajoute Jasmine Steurbaut. La mésinterprétation des signes (sourire, mot gentil) active l’imaginaire des hommes, persuadés d’être face à une séductrice, prête à apercevoir leurs attributs.
Même si la plupart des femmes prennent du recul et relativisent ce genre de confrontations gênantes, en bloquant leur contact par exemple, il est essentiel de ne pas banaliser ce geste. Parce qu’il est bien question d’harcèlement sexuel. Entre rire et traumatisme, les réactions restent diverses et propres à la sensibilité de chacune. Le pouvoir de ces clichés ne doit pas être minimisé. Si la justice n’a pas encore tranché sur le sujet, pour certains, il serait grand temps d’établir un cadre légal et d’appuyer les réflexions. Les plus jeunes représenteraient les principales victimes d’une confusion entre pratique sexuelle pure et nécessité d’alimenter une relation amoureuse, sentimentale. Ce type de photos deviendrait une sorte d’obligation pour maintenir la relation en vie et surtout susciter l’intérêt de l’être aimé.
« Dans l’enquête de YouGov, environ 10% des personnes ayant reçu des photos ‘érotiques’ (les guillemets sont importants) déclarent les avoir demandées. » éclaire le Vif Weekend. Donc, si et seulement si, le contexte est favorable et qu’il y a un consentement mutuel, let’s have fun ! Mais, dans l'incertitude, rien ne sert de se dévêtir.
(AsD - Source : Le Vif Weekend - Illustration : Unsplash)