Pourquoi le malheur des autres fait-il notre bonheur?
Devant un match de foot, nous sommes toujours contents de voir l’équipe adverse perdre, de même que lorsqu’un ou une collègue se trouve en situation d’échec, nous avons tendance à apprécier sa chute en comparaison à notre brillante réussite. En allemand, le mot "Schadenfreude" désigne ce plaisir éprouvé en observant le malheur de quelqu’un.
Si le terme "Schadenfreude" ne rencontre pas de définition précise ni de traduction littérale, des psychologues se sont réunis autour d’une étude afin d’en cerner les contours, de le comprendre davantage et de l’expliquer plus précisément. Pour certains, cette joie ressentie face à l’échec de l’autre traduit un désir de justice, une sorte de volonté d’éclairer ce qui est bon et juste en cherchant à savoir si la personne concernée le méritait. Pour d'autres, il s'agit simplement d'un acte de comparaison sociale (les membres d'un groupe tirant leur joie de la souffrance de ceux qui ne font pas partie du groupe). D'autres encore estiment qu'il s'agit du fait d'envier et de jalouser quelqu'un, ce qui nous pousse à vouloir son malheur.
Etant donné la polysémie du mot "Schadenfreude" et sa complexité, les chercheurs ayant pris part à l’enquête ont finalement décidé de rassembler les différentes définitions sous un seul concept, une seule représentation. Il a été révélé, après de nombreuses analyses d’études sur le sujet, que le terme allemand dont il est question renvoie à une émotion qui a intégré notre comportement depuis la plus tendre enfance. Ce qui était commun à toutes les réactions était la déshumanisation, le fait de considérer une personne comme étant moins humain que soi. Cette considération permettrait, réellement, d’éprouver une certaine joie en apprenant la défaite, la souffrance d’un groupe ou d’une personne.
En revanche, plus nous sommes capables d’empathie envers quelqu’un, moins cette émotion complexe qu’est "Schadenfreude" peut nous atteindre.
(AsD - EvG/Illustration Picture : Timothy Dykes via Unsplash)