Sexiste, la cour de récré ?
La récréation serait-elle le lieu d'un sexisme ordinaire ? Sociologues et géographes du genre en sont convaincus, apprend-on ce matin dans La Dernière Heure. Selon leurs observations, la cour de récré favorise le sexisme dès le plus jeune âge. Explications...
Une chercheuse française, Edith Maruejouls, s'est intéressé de près à la configuration des établissements scolaires et notamment à la question de l'occupation des cours de récréation en fonction du genre de l'enfant.
Pour ce faire, la géographe a invité filles et garçons à noter sur un plan le lieu où elles et ils passent la majorité de leur temps pendant les récréations. Le résultat est on ne peut plus clair : alors que les garçons occupent l'espace central, souvent l'endroit où est représenté le terrain de football ou de basket, les filles restent confinées aux zones périphériques de la cour.
Autre constat du même acabit et tout aussi interpellant : alors que les garçons traversent allègrement la cour en passant par le centre, les filles restent en bordure de l'espace. Et cela même si ce trajet constitue un détour,par exemple, pour se rendre aux toilettes.
Ces représentations ont des conséquences concrètes sur la place des genres dans la société. Les filles à l'instar des garçons en surpoids sont mis à l’écart, "ne se sentant pas légitimes à occuper l'espace".
Face à ces observations, la chercheuse suggère de revoir l'organisation dans l'espace des cours de récré.
Petit à petit, ces idées font leur chemin et certaines écoles prennent des initiatives. Ainsi, Bernard Hubien de l'Ufapec (Union francophone des associations de parents de l'enseignement catholique), interrogé par le quotidien, explique : "Certaines écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles se sont lancées dans des réflexions sur l’organisation de leur cour de récréation mais ce n’est pas encore assez. Il est important de veiller à ce que les garçons n’occupent pas tout l’espace, ça fait partie de l'éducation que les enfants doivent recevoir à l’école si on veut garantir une vraie égalité entre les filles et les garçons. À l’Ufapec, nous estimons que ce sont des choses qui doivent être évoquées dans le cadre des cours d’EVRAS (Éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle)".
En attendant, "J'ai 10 ans", le fameux morceau culte d'Alain Souchon sorti en 1974, qui décrit le quotidien d'un garçon qui se bagarre ("T’ar ta gueule à la récré !") et joue foot pendant les pauses et affirme que "les filles, c'est des cloches" a encore de beaux jours devant lui.
(FvE - Source : La Dernière Heure - Picture : Pixabay)