Faut-il obliger joggers et cyclistes à porter un masque?
Les salles de sport étant fermés, les allées de nos parcs, les sentiers de nos forêts, les berges de nos fleuves et, surtout, les trottoirs de nos rues sont plus fréquentés que jamais par les joggers et cyclistes de tous poils.
Pour ces sportifs invétérés et parfois compulsifs, le respect des règles de distanciation sociale et le port du mesque n'est pas une priorité, c'est le moins que l'on puisse dire. Combien de coureurs à pied avez-vous vu cette semaine, dépassant des piétons plus lents, puis se rabattant directement devant eux? Ce mépris pour les recommandations officielles, malgré le rôle crucial que joue à l'évidence la distanciation, a de quoi énerver les plus calmes d'entre nous.
Selon une nouvelle étude, respecter une distance de 1,5 à 2 mètres est totalement insuffisant dans le cas des joggers, marcheurs sportifs et cyclistes, dont les efforts libèrent des gouttelettes respiratoires qui peuvent laisser une traînée dans leur sillage (ce que les chercheurs appellent en anglais leur 'slipstream'). Les chercheurs ont mis en évidence que ces gouttelettes pouvaient rester en suspension jusqu'à 5 mètres derrière un marcheur sportif et 10 mètres derrière un jogger.
Ces recherches menées en Belgique et aux Pays-Bas ont simulé en soufflerie les flux d'air autour d'un sportif et le mouvement des gouttelettes respiratoires autour de lui et derrière lui. Ces travaux scientifiques comblent un vide, car les règles de distanciation sociale actuellement recommandées se basent sur les distances que ces gouttelettes peuvent parcourir entre des personnes qui sont debout ou assises.
L’immense majorité des joggers et cyclistes qui fréquentent nos rue et nos parcs portent pas de masque et l’air qu'ils expirent, par un pur effet de la cinétique, subsiste en hauteur dans leur traînée immédiate. Catastrophique, si ces inconscients sont porteurs du virus. Faudra-t-il interdire le jogging et le vélo dans nos villes pendant la phase du déconfinement? La question mérite d'être posée...
(Léopold Marie - Picture : Andrew Dinh via Unsplash)