Tagtik

Tour de Romandie : le dernier chant du cygne de Chris Froome?

Le temps où Chris Froome écrasait la concurrence avec une facilité déconcertante est désormais révolu. Le quadruple vainqueur du Tour de France court désormais comme une ombre après sa splendeur passée. Son retour programmé au sommet pour sa nouvelle équipe est même en train de tourner au fiasco. Analyse...
 

Quel était le véritable projet de l'équipe Israel Start-Up Nation au moment de faire signer Chris Froome, 35 ans? Réaliser un coup médiatique fumant? Ou offrir au Kényan Blanc un contexte sportif favorable, susceptible de lui permettre de renouer avec la gloire au sein d'une formation dont il serait le vrai patron?

Ce qui est certain, c'est que s'il n'avait pas changé d'équipe, le statut de leader ne lui serait absolument pas garanti au sein de l'équipe INEOS-Grenadiers dont il n'aurait été qu'un acteur de troisième rang derrière Egan Bernal, Adam Yates, Richard Carapaz, Gerraint Thomas, Tao Geoghegan-Hart, Pavel Sivakov ou le très prometteur Tom Pidcock .

Pas envie de jouer les équipiers de luxe

Peu enclin à jouer les équipiers de luxe, Froome a donc décidé d'aller voir ailleurs et jusqu'ici, on ne peut pas dire que les résultats lui aient donné raison. 23 mois après la sortie de route qui a failli lui coûter la vie lors de la reconnaissance du CLM du Dauphiné 2019, à Roanne, Chris Froome n'est en effet plus que l'ombre du coureur qu'il a été. Sous les couleurs d'Israel Start-Up Nation, où le puissant mécène Sylvain Adams lui a tendu un contrat de… cinq saisons, Froome a bien tenté de se reconstruire et de retrouver le lustre de ses années Sky. Mais en vain.

Largué en Catalogne et au Tour des Alpes

Personne ne s'est vraiment inquiété lorsqu'il a été largué au Tour des Emirats Arabes Unis (47e du général à 22 minutes de Pogacar!), puis au Tour de Catalogne (81e du général à 53 minutes d'Adam Yates), deux courses à étapes de 7 jours où il était venu pour retrouver un début de bonne carburation.

Inscrit ensuite sur le Tour des Alpes pour se refaire la truffe, Chris Froome s'est fait larguer comme un bleu lors des premières étapes avant de se glisser dans une échappée le troisième jour et d'exploser à nouveau. Résultat final : Froome terminait 93e à 51 minutes du vainqueur Simon Yates et à 3/4 d'heure de son équipier Daniel Martin qui est sans doute le véritable leader de sa formation.

Hors du coup en Romandie

Cette semaine, Froome participe au Tour de Romandie, une étape supplémentaire sur le chemin de sa revalidation physique et de sa réhabilitation sportive, dans la perspective de sa participation éventuelle au prochain Tour, qui s'élancera fin juin à Brest. Première claque lors du prologue, mardi, marqué par un triplé de ses anciens compères de chez SKY (Dennis, Thomas, Porte) qu'il achevait à la 130e place, battu par six de ses équipiers, perdant plus de 50 secondes en 4 bornes.


Le lendemain, dans une étape sans grande difficultés, il perdait à nouveau 3 minutes et demie sur le vainqueur Peter Sagan. Jeudi, il cédait encore du terrain, finissant dans un deuxième groupe à 43 secondes de Sonny Colbrelli. Ce vendredi, Froome terminait à nouveau 112e de l'étape à 19 minutes du vainqueur. Avant l'étape-reine de ce samedi et le contre-la-montre final, dimanche, le voilà 95e du général, à 23 minutes du nouveau leader, Marc Soler.

Des interviews pour donner le change

Malgré ce bilan sportif bien maigre, Froome continue de donner des interviews lénifiantes dans lesquelles il répète à qui veut l'entendre que cela ira forcément mieux demain. Pour donner le change? "J’espère toujours que ma condition s’améliorera avant le Tour de France (…). Bien sûr, je préfère rouler devant comme je l’ai fait dans les années qui ont précédé mon accident (...) même si je me retrouve souvent à l'autre bout du peloton en ce moment", expliquait-il à la Gazzetta dello sport.

Mais Froome y croit-il vraiment? Ou fait-il mine d'y croire? "Je m’entraîne toujours aussi dur et je travaille durant des heures. Bien sûr, ce ne sont plus les mêmes puissances qu’avant, mais je dois continuer à croire en mon processus de récupération. Je dois également continuer à croire que le travail acharné pèsera en fin de compte sur les résultats.” Pour un coureur qui avait l'habitude de frapper ses adversaires au moral lors des épreuves de préparation au Tour, ces déclarations sonnent évidemment comme un aveu.

Toujours le mieux payé au monde

Et dire que selon un classement publié par le Het Nieuswblad et repris par de nombreux médias, Froome devance toujours Peter Sagan et Tadej Pogacar au classement des coureurs les mieux payés du circuit. Avec 5,5 millions d’euros brut par an, Christopher Froome est même royalement payé par Team Israel-Start Up Nation et a vu ses émoluments grimper d’un million d’euros. Au vu de ses performances actuelles, on peut franchement se demander pourquoi. Car jusqu'ici, le 'Froome Project' fait plus penser à un chant du cygne qu'à la résurrection d'un phénix, qui aurait su se relever de ses cendres.

Même ceux qui n'ont jamais admiré Chris Froome ne pourront tout à fait brûler celui qu'ils ont eu tant de mal à adorer. Froome doit-il être aligné par son équipe au Tour de France? En répondant oui à cette question, ses employeurs lui donneraient la place qui revient de droit à un de ses équipiers. Et lui rendraient un bien mauvais service, tant il se ridiculise actuellement sur un vélo.

Mais si ceci est valable sur un plan sportif, ce l'est évidemment beaucoup moins sur un plan commercial. Car Chris Froome n'est pour le moment plus crédible sur un vélo, il reste très bankable dans les coulisses...

(LB/Picture : Brigitte (Art Tower @Pixabay)

Cet article, écrit par la rédaction de Tagtik est paru pour la première fois sur le site de notre client Proximus Pickx, rubrique cyclisme.

Pour aller plus loin