Né un 22 janvier : Malcolm McLaren, flamboyant escroc de la musique anglaise
En se souciant pas mal d’une quelconque crédibilité, ce bouillant oersinnage né en 1945 a goulument mangé à tous les râteliers
L’enfance tumultueuse qu'il a vécu, entre une mère volage et une grand-mère plutôt laxiste, ne justifie pas tout. Volontiers roublard, Malcolm filait du mauvais coton. De manière subliminale, c’est peut-être ce qu’il l’a poussé à entreprendre des études à la St Martins School Of Art (de laquelle Alexander McQueen ou John Galliano sont diplômés) et différentes écoles d’art. D’emblée, il a tenté de marier son attrait pour la musique à son intérêt pour les fringues de seconde main. Dans sa boutique emblématique de King’s Road (qui a souvent changé de nom), il accueille sa copine de l’époque Vivienne Westwood qui deviendra papesse d’une mode anglaise iconoclaste jusqu’à son décès en 2022.
Au milieu des années 70, privilégiant une forme de décadence, le couple joue les groupies pour le groupe américain The New York Dolls en s’occupant notamment de leur garde-robe scénique provocatrice. Pour faire bonne mesure, leur boutique londonienne prend alors le nom de "Sex" et privilégie les fétichismes en tous genres. Les contours du personnage sont déjà bien dessinés !
En s’appuyant sur un bagout de marchand de tapis, McLaren trouve toujours un moyen de convaincre ses interlocuteurs que ses frasques souvent obscènes incarnent le futur coup commercial imparable. Impossible avec lui de savoir s’il est sincère ou s’il tente simplement de vous embobiner en échange d’un gros chèque. Il apparaît ainsi comme le marionnetiste dans l’avènement tumultueux des Sex Pistols qui, eux non plus, n’ont jamais pratiqué le bon goût et la modération. Après un "Anarchie In The U.K." qui lui vaut une volée de bois vert en 1976, les parrains du punk anglais récidivent quelques mois plus tard, en 1977, en éructant "God save the Queen/And her fascist regime". Ils sont certes bannis des ondes de la BBC mais Malcolm McLaren est aux ange. Les chèques se trouvent bien au chaud dans la poche du démoniaque manager. Provocation certes mais il faut que cela rapporte ! L’aventure mort-née des Sex Pistols se terminera en 79 avec un film foutraque en guise de testament "The Great Rock’n Roll Swindle" (La grande escroquerie du rock). Une forme d’aveu dans le chef de McLaren…
Toujours prêt à diviser pour mieux régner, il a ensuite créé le groupe Bow Wow Wow en offrant le micro à une jeune chanteuse à peine sortie de l’adolescence et métamorphosée en jouvencelle tribale court vêtue. Et sexy évidemment. Bow Wow Wow a même réussi à produire quelques titres mémorables comme "I Want Candy".
Alors qu’il n’est ni chanteur, ni musicien, McLaren se lance dès 1983 dans une carrière solo. Sans guère de suite dns les idées, surfant sur la vague ou mieux encore la précédant parfois, il se plaît à toucher à tous les genres possibles et imaginables. Avec toujours ce talent de persuasion unique, il rassemble autour de lui de grands noms. Deux exemples au hasard : Trevor Horn à la production de "Duck Rock" (1983) avec l’aide en toute modestie du World’s Famous Suprême Team ou un duo avec l’actrice Catherine Deneuve sur l’album jazz "Paris" (1994). Au risque d’en oublier un, il vaut mieux renoncer à énumérer, de l’opéra au jazz, toute les épices musicales que McLaren a un jour ou l'autre cuisinées. On constatera simplement que le punk des débuts en est totalement absent…
Il nous a quitté le 8 avril 2010 ç-à Bellinzona (Suisse) non sans avoir tenté quelques années plus tôt de briguer le mayorat de Londres !
(AK - Photo : © Etienne Tordoir)
Photo : Portrait de Malcolm McLaren à l’Hôtel Astoria de Bruxelles (Belgique) en 1989