Politique

Dirk Tieleman est l'un des journalistes belges les plus renommés du pays. Il a parcouru le monde pendant des décennies pour réaliser des reportages, souvent depuis des endroits où aucun autre journaliste n'était allé. Une audace qui l'a souvent amené en Russie. Il s'y rend pour la première fois en 1988 en tant que journaliste pour la radio publique belge. Il a donc une vision plus nuancée du conflit et de la société actuelle russe.

Pour la publication de son livre "Les affrontements en Russie" , le journaliste à la retraite s'est entretenu avec le quotidien belge Het Nieuwsblad.

Où et à quel moment les choses ont-elles mal tourné pour la Russie, a-t-on demandé à l'expert russe expérimenté Dirk Tieleman ? “Gorbatchev a rapidement dû céder sa place à Eltsine. Ce dernier voulait opérer de grands changements en collaboration avec l'Occident, mais tout s'est passé beaucoup trop brusquement. Les prix ont explosé, ce qui a entraîné une inflation massive. En Pologne, le même phénomène a été observé… à la différence que l'Occident avait veillé à ce que des conditions préalables soient remplies. Par exemple, aucun billet n'a été réimprimé. En Russie, cela n'a pas été le cas et l'inflation a explosé. Un taux d'inflation de 2 000 %, vous pouvez difficilement l'imaginer. Un pain de 1 rouble coûtait 2 000 roubles un mois plus tard”. 

S’en est suivie une forte précarité. Selon le journaliste belge, l’Occident a, en réalité, laissé tomber la Russie. Et nous constatons encore aujourd’hui les conséquences de cet abandon dans la société russe. « La Russie s’est alors livrée à un capitalisme sauvage alors qu’elle n’y était pas prête. L’Occident a abandonné la Russie, un fait qu’on oublie souvent. Il y a eu une prolifération, avec d'un côté les super-riches, les oligarques avec leurs yachts de luxe, et de l'autre, les gens contraints à vendre leurs biens pour avoir quelque chose à manger le soir.»

(Manon Pierre avec SR pour Tagtik/Source : De rafels van Rusland - Het Nieuwsblad/Illustration picture: Pixabay)