Les 'cabinettards' wallons, une caste de privilégiés?
L'actualité politique, surtout wallonne, est tantôt étonnante, tantôt détonante. Un sujet traité par La Dernière Heure, sous la plume d'Adrien de Marneffe, décrypte un avant-projet d'arrêté porté par deux ministres wallons : Carlo Di Antonio et Alda Greoli (tous deux CDH). Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le sujet mérite de s'y attarder.
Quand les gouvernements changent, les membres des cabinets ministériels sont également remplacés. Mais à quoi servent ces 'cabinettards?' A conseiller leur ministre sur des sujets ou des matières exigeant un haut degré d'expertise. Ce sont souvent des fonctionnaires détachés pour une durée limitée dans le temps. Quand ils prennent leur fonction, ils empochent une prime de cabinet et des indemnités de séjour. Quand vient l'heure de quitter le cabinet, ils retournent dans l'administration. Et perdent logiquement leurs primes.
Sauf que le gouvernement wallon semble avoir trouvé une parade. Plusieurs 'cabinettards' vont ainsi pouvoir conserver leurs primes de cabinet et autres avantages.
Une information que ne manque pas d'agacer les syndicats. "Le gouvernement précédent est tombé pour l'affaire Publifin où les gens n'étaient pas présents à des réunions. Ici, on donne des frais de séjour à des gens qui ne sont pas en mission", s'indigne une source proche du dossier. Mais au cabinet Di Antonio, on se défend de toute malversation.
"Le gouvernement n'en a plus que pour quelques mois avant les prochaines élections. Cela ressemble fortement à une tentative de maintenir des collaborateurs dans leurs avantages. J'ai vu beaucoup de manoeuvres par le passé, mais cela, jamais !", assure Michel Legrand, président du Gerfa (Groupe d'étude et de réforme de la fonction administrative).
Le gouvernement, dans sa note d'avant-projet assure prolonger leurs primes annuelles et leur indemnité forfaitaire "à titre exceptionnel" afin de "maintenir l'équilibre avec les autres agents du SPW".
Un autre point fait bondir Michel Legrand. "Avec l'instauration de cette inégalité inédite, n'importe quel agent pourra dire : je revendique la même prime ! Cela va créer une rupture d'égalité. Et de facto deux catégories d'agents qui travaillent sur le même palier. Ceux qui bénéficient d'indemnités de cabinet et ceux qui n'ont rien. Il est probable que le Conseil d'État remette un avis négatif quant à ce projet."
(LpR & FvE - Source: La Dernière Heure - Illustration Picture: Pixabay)