Tagtik

MR et N-VA, grands bénéficiaires de la crise?

Malgré tous les efforts des partis de la suédoise, la Belgique s'est réveillée ce matin avec un nouveau gouvernement. Exit, la N-VA.

Dans cette longue séquence autour du pacte migratoire, les partis de la coalition s'en sont tenus à deux préceptes simples: primo, éviter a tout prix d'obliger les citoyens à retourner aux urnes pour des élections anticipées. Secundo, ne pas être celui qui ferait tomber le gouvernement, de peu d'être sanctionné par l'électeur.

Cette fois, personne n'a fait tomber le gouvernement, même s'il est aujourd'hui minoritaire et jusqu'à preuve du contraire les élections, c'est pour dans 5 mois.

L'électeur voudra-t-il punir le MR et la N-VA ? Le scénario que nous vivons est assez inédit et rien ne dit que les deux partis connaîtront un revers lors des élections de mai 2019 ? Charles Michel n'a pas transigé sur ses principes et la N-VA a choisi une voie très positionnante pour les prochaines échéances électorales.

C'est en effet un des paradoxes de cette sortie de crise: les partis de l'ex-majorité n'ont peut-être pas tout perdu. "La N-VA va pouvoir se concentrer sur la reconquête d'électeurs perdus lors du scrutin provincial", avance Pierre Verjans, politologue à l'ULiège. "Et le MR peut désormais faire taire ceux qui lui reprochaient d'être toujours à la remorque de la N-VA. De leur côté, les deux autres partis flamands de la coalition peuvent donner l'impression qu'ils sont en mesure de s’affranchir des nationalistes et de gouverner sans eux", analyse-t-il.

Reste que les thèmes de la prochaine campagne seront plus que probablement marqués par la crise qui vient de se refermer. Et les problèmes migratoires devraient occuper de devant de la scène.

Ici aussi, le MR et la N-VA ne perdront pas forcément des plumes en mettant ces questions au coeur de la campagne. La N-VA peut désormais chasser sur les terres du Vlaams Belang, qui a capitalisé sur ce dossier lors des dernières provinciales. Avoir offert la démission de cinq ministres est un geste fort qui aura du poids en Flandre.

Le MR , lui, pourra se prévaloir de sa gestion de ce dossier alors qu'il patine un peu sur les questions socio-économiques et climatiques, avec la fronde des "gilets jaunes" et les marcheurs du climat."

Finalement, en allant un pas plus loin, peut-être même le MR et la N-VA se sont-ils mis d'accord, en vue de reconduire, si les chiffres le permettent, la suédoise au printemps prochain. Le deal est assez simple à deviner: en échange de cette sortie de crise relativement digne pour tout le monde, la N-VA vient soutenir le gouvernement minoritaire, qui redeviendrait ponctuellement majoritaire sur les dossiers qui ont été négociés avant le clash.
Si tout se passe bien, rien n'empêche d'imaginer une reconduction de la suédoise au soir des élections du 26 mai.

"Ce sont des professionnels de la politique. Ils peuvent très rapidement oublier les disputes de la veille pour collaborer ensemble", prédit Pierre Verjans.

(LpR - Source La Libre/Picture : Pixabay)

LpR

LpR

Journaliste FR @Tagtik - Rubriques politique - société - économie - conflits

Pour aller plus loin