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Benjamin Herman: un échec de la lutte contre la radicalisation en prison?

Depuis la vague d'attentats djihadistes de 2015, le gouvernement fédéral a mis au point un plan d'action contre la radicalisation violente en prison. Mais malgré ce plan, il s'avère difficile de lutter contre le phénomème, indique La Dernière Heure. On a eu une nouvelle preuve avec la radicalisation à Lantin de Benjamin Herman, l'homme qui a tué deux policières et un automobiliste, mardi matin à Liège. 

Pour l'heure, on sait qu'une cellule 'extrémisme', créée pour les besoins de l'administration pénitentiaire, suit 237 détenus en préventive. Parmi eux, certains sont condamnés ou internés à la suite de faits en lien avec le terrorisme, d'autres sont connus pour leur radicalisation religieuse en prison sans que ce soit la cause de leur incarcération.

Dans les prisons classiques, des équipes mobiles de psychologues et d'assistants sociaux sont désormais mobilisées pour encadrer ces détenus suspectés de pouvoir contaminer leur entourage avec un suivi individuel renforcé. Les prisonniers radicaux jugés dangereux sont pour leur part enfermés dans des ailes spécialisées (sections Deradex) à Ittre (14 détenus aujourd'hui, pour 20 places) et Hasselt (8 détenus pour 20 places).

Si cette cellule spécialisée a ciblé un nombre de profil radicalisés, leur nombre exact est impossible à déterminer. Il faut dire que dans les faits, ce type de profil "radicalisé" est très difficile à identifier.

Dans nos prisons, ce sont les agents pénitentiaires qui sont chargés de détecter les signes de radicalisation. La question est donc de savoir si ces derniers sont assez bien formés pour identifier les suspects. Philippe Massay, un licencié en droit qui a suivi une spécialisation en terrorisme et a été agent pénitentiaire pendant 7 ans à Lantin donne une partie de la réponse: "Il existe un gros problème d'identification pour les suspects de radicalisation violente, essentiellement dans les sections ordinaires des prisons, où les agents pénitentiaires n'ont aucune formation en la matière". Et d'après lui, les règles valables il y a 10 ans, ne sont plus les mêmes aujourd'hui, il poursuit: "Il n'y a plus de signes extérieurs qui montrent qu'ils sont radicalisés. Ils s'habillent comme tout le monde, serrent la main des agentes féminines… Ils vont tout faire pour s'invisibiliser".

Dans un entretien paru en 2017, dans un autre média, Philippe Massay pointait déjà: "La détection se fait principalement au moment des fouilles. Elle se fait également par rapport au discours que les détenus peuvent tenir, et l'attitude générale personnelle". Selon le criminologue, il serait donc facile pour un détenu radicalisé de dissimuler ses intentions. Ajoutez à cela que la formation des gardiens face au radicalisme serait tout bonnement inexistante. "C'est risible, et c'est dramatique. Les gardiens ne sont pas formés du tout à l'exception de ceux qui ont intégré les ailes en charge des détenus radicalisés, qui sont d'ailleurs peu nombreux. C'est nettement insuffisant", conclut-il.

(FvE - Source: La Dernière Heure - Illustration Picture: Belga)

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