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Le smartphone, plaie des urgences

L'affaire Naomi, du nom de la jeune femme décédée après avoir été moquée par une opératrice du Samu, a encore amplifié un phénomène qui inquiète les milieux hospitaliers. De plus en plus de patients qui se rendent aux urgences, utilisent en effet leur smartphones pour filmer le personnel et les salles du service des urgences.

"On constate que de plus en plus que les gens utilisent leur smartphone aux urgences", déplore Vincent Loncke, infirmier en chef aux urgences du Centre Hospitalier Wallonie Picarde (CHwapi). "C'est en nette évolution. Il y a des patients qui prennent en photo ou en vidéo leurs blessures pour illustrer ce qui leur arrive (...)". Les images sont ensuite diffusées sur les réseaux sociaux pour prendre le public à témoin ou pour servir de preuve. "Ai-je été bien soigné? L'urgentiste a-t-il bien fait son travail? Ai-je été accueilli correctement?", se demandent les patients, vidéos et photos à l'appui.

Rappelons qu'on ne peut en principe pas photographier d'autres patients ou des praticiens dans le cadre de leur travail sans leur demander une autorisation préalable. Et que diffuser ces clichés sur les réseaux sociaux sans en avoir informé les personnes qui y sont reconnaissables est un délit. Quand ils est confronté à ces situations de plus en plus courantes, le personnel hospitalier s'efforce de rappeler aux patients et à leurs proches qu'il est "interdit de filmer des personnes dans des lieux privés. On nous rétorque souvent que nos visages ou nom n'apparaîtront pas", explique Vincent Loncke.

Il n'est pas rare que des patients doive signer un document qui leur interdit de diffuser des clichés ou des vidéos qui ont été pris à la sauvette à l'hôpital. "Nous avons déjà dû le consigner par écrit. Et ce, après que certains patients aient été pris en train de prendre des images”, indique l'urgentiste.

Outre ces images "volées", la tendance à l'utilisation grandissante des smartphones en milieu hospitalier dénote un autre phénomène: le manque de confiance des citoyens dans les diagnostics posés. "Les urgentistes et médecins constatent en effet que les patients remettent plus en question la prise en charge et les soins prodigués (...) Les patients surfent souvent sur Google pour trouver des réponses. (...) Les gens s'informent sur Internet. Cela les inquiète plus qu'il ne le faut," conclut-il.

(LpR - Source : la DH/Picture: Pixabay)

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