Tagtik

Vomir: dans le top 3 des phobies les plus répandues

Traqué le jour et la nuit par la peur de vomir, vous évitez tout ce qui peut alimenter cette crainte. Isolé socialement et en proie aux jugements, la spirale de l’évitement vient doucement mais sûrement rompre tous vos liens avec l’extérieur. Alors, comment contrôler et venir à bout de cette peur qui ne cesse de grandir dans votre chair ?

L’émétophobie est traduite comme la peur irrationnelle de vomir, elle touche davantage les jeunes femmes et fait partie des phobies les plus couramment endurées. La souffrance qu’occasionne cette crainte tournant autour du vomi existe, elle vit et handicape bien des gens. Souvent négligée et méconnue, elle entraine un repli extrême et des comportements alimentaires pouvant mettre à mal la santé des victimes. Selon le ministre de la santé britannique, l’émétophobie se retrouve à la troisième place du classement des phobies les plus répandues après les phobies sociales et l’agoraphobie. Et pourtant, les personnes qui y sont confrontées ne consultent que très rarement en raison de la honte qu’elles éprouvent. Elles pensent qu’aucun traitement n’est envisageable et considèrent à tort que leur phobie a toujours existé, qu’elle fait partie intégrante de leur être.

Origines 

Cette phobie se déclenche à cause d’un traumatisme ou dans un moment de plus grande sensibilité. « L'émétophobie peut souvent être rattachée à un événement traumatisant avec des vomissements vécu pendant l'enfance ou la jeunesse. » mentionne Le Vif. Des facteurs psychologiques, environnementaux, génétiques, peuvent contribuer à son apparition. Les phobies simples, « classiques », (peur du noir, des espaces clos, des araignées) naissent souvent pendant l’enfance, les peurs plus complexes, comme l’émétophobie, surgissent à tout âge. La phobie du vomi peut également survenir après une maladie, une gastro difficilement évacuée, un stress intense, un manque de sommeil. La peur est disproportionnée. L’angoisse de vomir ou de voir vomir renforce l’impression nauséeuse et génère encore plus de stress. L’engrenage de la peur commence…

Conséquences

Être émétophobe cela veut dire être contraint d’analyser chaque situation du quotidien. La tragédie de cette peur prend forme dans ce qu’elle induit : l’évitement. Tout ce qui est jugé comme potentiellement effrayant sera contourné : virus, soirées alcoolisées, aliments épicés, nourriture riche... Une transformation en phobie alimentaire peut aussi opérer. Ce qui est avalé fait l’objet d’une sélection soignée, méticuleuse, étudiée. Tout devient fade. S’ensuivent des troubles alimentaires profonds allant jusqu’à l’anorexie. La peur amène à établir des stratégies, des rituels qui permettent de rassurer (troubles phobo-compulsifs, attention particulière aux objets touchés, aux vêtements portés). Se promener en permanence avec des antiémétiques aide par exemple, à construire des remparts contre l’angoisse. Les personnes touchées adoptent donc des conduites d’évitement avec pour conséquences une désocialisation, un isolement ou/et encore une dépression.

Traitement 

La première étape du traitement consiste à amener le corps à se détendre. Il s’agit d’atteindre une relaxation musculaire pouvant induire elle-même une diminution générale du stress. Ensuite, le corps ayant mémorisé la sensation de détente, vient l’exposition de plus en plus fréquente à la phobie en question. La peur panique ayant été maitrisée, vous apprenez petit à petit à sortir de ce monde douloureux de crainte et de retenue. L’objectif est d’identifier la cause de la peur et d’affaiblir le stress qu’elle occasionne. Une thérapie comportementale de 6 mois pourra grandement vous aider. On estime la durée du traitement à 3 mois s’il s’agit d’une thérapie brève.

 

(AsD - Source : Le Vif/Benjamin Lubszynski - Illustration : Unsplash)

AsD

AsD

Journaliste FR @Tagtik - Rubriques Consommation et Société

Pour aller plus loin