Dieter Kersten: "Ce sera une course contre soi-même et pas tellement contre les autres”
La vie n’est pas un sprint, mais un marathon, dit-on couramment. Les athlètes d’endurance ne le savent que trop bien. Patience, autodiscipline, tâtonnements, nombreuses heures d’entrainement et travail de longue haleine ont amené cinq marathoniens belges aux Jeux Olympiques de Tokyo. Ou plutôt à Sapporo, car le marathon olympique a déménagé dans cette ville à 800 kilomètres au nord de la capitale par crainte de la canicule de Tokyo. Ces héros qui seront sur la ligne de départ dans le Parc Odori pour courir sous le maillot belge méritent déjà notre respect. Après un grand tour et deux petits tours, la gloire éternelle les attend le 7 et le 8 août, eux qui entreront un par un et à jamais dans l’histoire du sport belge comme athlètes olympiques. Avec ces cinq athlètes, nous préfacerons ce qui sera sans doute les plus éprouvants 42 kilomètres de leur vie. L’athlète suivant qui a chopé le virus du marathon est Dieter Kersten.
Lors de son tout premier marathon à Enschede, le Limbourgeois Dieter Kersten a secoué le monde de l’athlétisme en signant avec beaucoup de grinta un chrono détonant de 2:10.22. Ce chrono de premier ordre lui a valu une sélection pour les Jeux Olympiques. La profonde concentration que met Kersten dans chacune de ses courses impressionne ses concurrents. Que cet athlète de 24 ans de l’Atletiekclub De Demer qui est entrainé par Tim Moriau ait un énorme potentiel pour le marathon est une évidence pour tout le monde. Nous avons eu cet entretien avec Dieter Kersten à la veille de ses tout premiers Jeux Olympiques.
Quand as-tu compris pour la première fois que tu iras aux Jeux Olympiques et quels sentiments te sont passés alors par la tête ?
Dieter Kersten: "La première fois que je l’ai réalisé, c’était tout de suite après l’arrivée du NN Mission Marathon le 18 avril 2021 à Enschede. Après avoir franchi la ligne d’arrivée, l’explosion de joie a été incroyable après des mois d’entrainements intensifs, après avoir fait tout ce qui était possible et particulièrement beaucoup de sacrifices. Et lorsque j’ai vu mon chrono final sur l’écran, l’espace d’un instant, je suis devenu tout à fait fou. Il y a alors tellement de choses qui vous passent par la tête. C’est comme si tu étais sur une autre planète. Mais quelques minutes après cette euphorie, tu commences alors vraiment à comprendre et tu prends ça de manière plus calme et plus rationnelle. Mais ça reste fantastique, bien sûr”.
Dans quel cas pourra-t-on parler de Jeux réussis pour toi?
Dieter Kersten: « Le premier objectif, c’est d’aller jusqu’au bout, car les conditions seront très difficiles, même si le marathon se déroule à Sapporo où la météo sera peut-être plus favorable qu’à Tokyo. Ce sera une course contre soi-même et pas tellement contre les autres. Je serai donc déjà certainement content si je termine le marathon. Il est difficile d’accoler un chrono final. J’espère mener une course très progressive et surtout ne pas prendre un départ trop rapide, afin qu’en fin de course, je puisse encore remonter pas mal d’athlètes qui ont partis trop vite. Ce sera en quelque sorte mon plan de course. Dès que vous allez un peu trop dans le rouge dans de telles circonstances, c’est tout de suite fichu ».
Crains-tu les conditions climatiques à Sapporo et comment t’y es-tu préparé?
Dieter Kersten: "Je les crains un peu, car je ne supporte pas bien la chaleur et l’humidité. Mais je m’y suis préparé. J’ai fait des tests durant deux semaines dans la chambre climatique à Gand. Egalement au camp d’entrainement à Sankt Moritz en Suisse, un jour sur deux, je faisais un jogging avec beaucoup d’habits sur moi et après l’entrainement, je prenais encore un bain chaud durant une demi-heure pour conserver plus longtemps la température du corps élevée. On a également utilisé des vestes rafraichissante durant la préparation. On n’a donc pas du tout négligé le facteur des conditions climatiques à Sapporo. Il est d’ailleurs très important d’être préparé tant physiquement que mentalement”.
Quels sont les projets après les Jeux Olympiques?
Dieter Kersten: “ Je me ménagerai un moment de repos. Car j’aurai couru deux marathons dans un délai relativement court. Je commence en septembre ma formation à la Défense. J’aurai donc trois semaines après les Jeux Olympiques pour me reposer et partir en vacances avec mon amie. Ces dernières semaines et ces derniers mois, nous nous sommes moins vus à cause de la préparation intensive pour les Jeux. Après ma formation, je commencerai alors ma préparation pour mon grand objectif de 2022 : le championnat d’Europe à Munich ».
Quelle alimentation/plat/en-cas dont tu t’es privé ces derniers mois aimerais-tu manger après la course?
Dieter Kersten: "Je fais attention à mon alimentation pour faire en sorte que je sois suffisamment affûté avant un marathon. Comme beaucoup, après un marathon, j’aime manger des frites et un hamburger. Un McDonald sera certainement au programme. J’essaie de manger beaucoup moins de biscuits pendant ma préparation. Mais je suis en fait très sucré. Donc, après le marathon, il y aura bien un jour un pot de Nutella et des donuts au menu, vu que je m’en suis privé pour ce marathon. On doit parfois pouvoir se le permettre, sinon, on ne tient pas le coup. Donc, j’attends ça également avec impatience. Mais d’abord, je me concentre pleinement sur les Jeux”!
Peux-tu donner 3 bons conseils à un novice qui va courir dans quelques mois son tout premier marathon ?
Dieter Kersten: "En premier lieu, je conseillerais d’essayer déjà à l’entrainement les boissons et les gels que vous voulez utiliser durant la course. Même si les conditions à l’entrainement sont différentes, vu qu’en course, on y va un peu plus à fond, il est néanmoins utile d’habituer son corps et son estomac aux liquides et aux gels. Vous digèrerez tout plus facilement pendant votre marathon. Deuxièmement, je conseille de ne pas vouloir trop en faire. Je me suis bien sûr beaucoup entrainé, mais mon nombre de kilomètres d’entrainement n’a pas été super élevé. Il ne faut donc pas exagérer durant votre préparation, mais prévoir de temps en temps un entrainement de qualité. Beaucoup de gens l’oublient peut-être car la préparation ne se résume pas à la quantité de kilomètres d’entrainement. Enfin, je conseille d’aborder votre course intelligemment. Ne partez pas trop vite, ne vous laissez pas emporter par a cohue, faites attention au ravitaillement. Ne vous cramez pas durant vos 20-25 premiers kilomètres. On ne peut pas encore avoir le sentiment qu’on est en train de souffrir. Il faut éviter de se surestimer. C’est peut-être une erreur que beaucoup de gens commettent. Et ayez confiance en vous. Si vous commencez un marathon sans confiance, c’est fichu d’avance”.
Le dimanche 8 août, on pourra suivre Dieter Kersten et les autres marathoniens belges dans leur tentative de signer une prestation étincelante aux Jeux Olympiques. Retrouvez l’horaire exact ici.
(Skwadra & Dupk by Tagtik/Picture: NN Running Team)
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