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"Axel Merckx a gagné plus d'argent qu'Eddy"

Le vélo n'est plus tout à fait ce qu'il était. L'internationalisation du peloton, l'hyper spécialisation des coureurs, la multiplication des directs télévisés et l'arrivée de la manne financière des sponsors ont profondément bouleversé le visage de ce sport. Aujourd'hui, le cyclisme des années 70, considéré comme l'âge d'or du vélo, ressemble furieusement à des photos jaunies que les nostalgiques de l'exploit gratuit vénèrent comme des reliques. "On était tous les jours sur la brèche. Je faisais 40.000 km, soit 140 jours de courses par saison, contre 80 aujourd'hui. On était des ouvriers du vélo, mais c'était toujours mieux que d'aller à l'usine", raconte Jean-Luc Vandenbroucke dans une interview parue mardi dans le quotidien sportif L'Equipe. Avides de retombées publicitaires, les sponsors du 21ème siècle ont fait des stars du peloton des hommes-sandwich, parfois au mépris de leurs résultats réels. "Aujourd'hui, on paye les coureurs sur leur image, leur valeur marchande ou médiatique. Alors, il faut vivre avec son temps même si, parfois, je me demande ce que peut penser Merckx, quand il songe qu'Axel, son fils, a gagné beaucoup plus d'argent que lui...", glisse celui qui a été le directeur sportif de Merckx Junior. "Je sais ce que j'ai proposé à Axel quand je dirigeais Lotto. Il n'a d'ailleurs jamais voulu rouler pour moi", ajoute l'ancien membre de la garde rapprochée de Bernard Thévenet chez Peugeot. Quand on songe que le fils du Cannibale a pour principales lignes sur son palmarès une étape du Giro, une médaille de bronze au JO d'Athènes, un maillot de champion de Belgique en 2000 et une dixième place dans le Tour en 1998, c'est quand même hallucinant. Mais pour comprendre, il suffit de demander à Vandenbroucke de révéler le salaire de misère qu'il recevait à l'époque pour se faire mal sur le vélo. "270.000 anciens francs français par mois, soit 430 euros, je n'étais pas mieux payé qu'un autre. (...) A l'époque, une étape dans le Tour rapportait un fanion et une centaine de francs", se souvient-il. "Je gagnais 60.000 euros par an chez Hitachi quand je me suis retiré, en 1987. Rien, à côté des salaires d'aujourd'hui". En 2011, la rémunération moyenne d’un coureur pro s’élèverait à 136.000 euros par an, selon le site Mon argent. Contador, lui émargerait à 8 millions d'euros par an. Pour la petite histoire, sur le Tour 2011 une victoire d'étape vaut 8.000 euros, soit vingt fois le salaire mensuel de VDB. Le vainqueur de la Grande Boucle, lui, empochera à Paris un chèque de 450.000 euros, soit 7 fois ce que gagnait un honnête coureur des seventies en une anné. Les anciens ouvriers du peloton sont devenus des millionnaires. (LB/Picture : Belga)

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