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Le pêché d'orgueil de Gilbert

Nous sommes les premiers à encenser Philippe Gilbert lorsqu'il gagne de magistrale façon. Et la saison en cours nous a donné plus d'une occasion de saluer son sens tactique, sa lucidité et son opportunisme. Mais hier, n'ayons pas peur de le dire, Philippe s'est planté dans les grandes largeurs. A 500 m de la ligne, Philippe est dans la roue de Cadel Evans lorsque Jurgen Van de Broeck prend soudain une dizaine de mètres d'avance. Au lieu de laisser ses adversaires boucher le trou et de miser sur sa pointe de vitesse ou sur une victoire de son équipier (qui est quand même le leader désigné d'Omega Pharma-Lotto pour le général), Gilbert va chercher VDB, condamnant ainsi ses propres chances de victoire et celles de son équipe. "Quand il s'est lancé, il ne m'a rien dit. C'est quelqu'un qui ne parle pas beaucoup, je croyais qu'il m'emmenait le sprint...", plaidera le Wallon après l'arrivée. Une explication franchement tarabiscotée qui ne convaincra pas des spécialistes comme Jean-François Bernard, consultant pour L'Equipe. Son jugement sur le comportement de Gilbert est sans appel. "C'est clairement une erreur tactique, il ne fallait jamais aller le chercher ! Ce n'est pas du tout un manque d'expérience, je crois juste que Gilbert la voulait tellement, qu'il a voulu trop bien faire. Son pire ennemi, c'était lui-même", juge-t-il. Autre signe de la grande nervosité du numéro 1 mondial : il s'en est maladroitement pris après l'arrivée à un équipier qui l'a servi avec dévouement pendant toute la saison. "Au pied de la côte, Jelle Vanendert allait trop vite. Je lui ai crié de ralentir, mais à cause des cris et du bruit de la foule, il ne m'a pas entendu et a poursuivi son effort. Ça m'a cassé les jambes", explique-t-il. Pas vraiment chic de la part d'un champion. Car la victoire comme la défaite doivent s'assumer ensemble. La vérité du jour est peut-être ailleurs. Hier Gilbert était simplement un ton en-dessous. "Je n'étais pas dans un grand jour. C'était normalement une arrivée pour moi. Là, j'étais un peu à bloc à la sortie de la partie raide quand Contador a attaqué", déclara-t-il un peu plus tard, quand il s'était calmé. Si l'orgueil est évidemment le premier carburant des champions, hier, celui de Gilbert lui a joué un mauvais tour. Il aurait été mieux inspiré de le reconnaître tout de suite. (LB/Picture : Belga)

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