Tour de France/#8 : Montagnes russes entre France et Suisse
Qui osera mettre le feu au peloton avant le contre-la-montre de lundi à Besançon? Pour répondre à cette question il suffit dans doute de penser aux coureurs limités dans le chrono et qui voudront se refaire la fraise après la démonstration du Team Sky vers la Planche des Belles Filles. Samedi, seuls Evans et Nibali n'ont pas été emporté par la bourrasque du duo Wiggins/Froome. Les leaders qui ont besoin d'une revanche sont donc nombreux : Valverde, Van den Broeck (pas épargné par la malchance), Schleck, Scarponi, Gesink, Rolland, Roche, et dans une moindre mesure Leipheimer, Menchov et Zubeldia (tous les trois à l'aise dans l'exercice chronométré) pourraient être tentés de jouer leur va-tout. Peut-être trouveront-ils en Vincenzo Nibali un allié précieux, puisque l'Italien a promis de mettre le feu un de ces jours et que quelque chose chose nous dit que ce pourrait être aujourd'hui. Enfin, Cadel Evans, qui semble avoir pour la première fois face à lui un adversaire qui lui est intrinsèquement supérieur dans le chrono, devra lui aussi saisir les opportunités offertes par le parcours et les circonstances de course. Entre Belfort et Porrentruy, sur une étape aussi courte que nerveuse, les équipes qui ont de l'imagination tactique (?!) trouveront un terrain favorable à l'initiative. Sur ce parcours en montagnes russes, la moindre faute d'inattention ou la moindre défaillance se payera cash. Les 3 premières montées de la journée, entre les km 20 et 73 ne sont pas très dures, mais elles auront le don d'user les organismes, surtout si le rythme est élevé dès le départ. La côte de Bondeval (4.4 km à 3.9%, 4e cat.), la côte du Passage de la Douleur (3.8 km à 6.4%, 3e cat.), la côte de Maison-Rouge (7.9 km à 5%, 2e cat.) et la côte de Saignelégier (7.8 km à 6.1%, 2e cat.) auront ouvert les appétits avant de rejoindre le ravito de Le Bémont, à mi-course. C'est ensuite que ça se corse avec 3 côtes proposant des pourcentages qui donneront sans doute des idées aux purs grimpeurs. Au km 97, la côte de Saulcy (4.6 km à 8.6%, 2e cat.) offre plusieurs passages au-delà de 10%, mais c'est peut-être encore peu loin de l'arrivée. Au km 130.5, la côte de la Caquerelle (4.3 km à 7.6%, 2e cat.) ressemble à la précédente mais avec deux longues bornes supérieures à 10%. Après une descente de 7 kilomètres, il faudra s'attaquer au bouquet final de ce feu d'artifice : le col de la Croix, seule escalade classée en première catégorie de la journée. Court mais bestial (3.7 km à 9.2%), il devrait faire exploser ceux qui sont dans un jour moyen et effaryer ceux qui ont peur de ne pas rentrer dans les délais. Au pied de cette terreur, on commence par 500 mètres entre 15 et 20% (!). Après une brève accalmie, c'est reparti pour du 10% assez constant sur 1 km. Nouveau replat, puis c'est l'enfer avec 300 mètres à 18%. Au sommet, il restera aux audacieux 16 km de descente pour apercevoir la ligne. Et confier rapidement son corps endolori aux doigts du masseur, avant le premier chrono décisif de ce Tour. Quel métier !(LB/Picture : ASO)