Voeckler refuse de servir de nouvel étalon du dopage
Beaucoup le disent ou l'écrivent tout haut. D'autres le pensent tout bas, mais tous en sont persuadés. Ce Tour 2011 serait indécis parce qu'il est propre. Cette théorie, qui s'appuie sur des performances en net recul dans les cols, tend à démontrer que ce n'est pas Voeckler qui est plus fort, mais les favoris qui sont plus faibles, allusion à peine voilée à leur impossibilité à recourir à certaines pratiques dopantes. Comparaison n'est pas toujours raison, mais force est de constater que Voeckler a mis 3'02" de plus que l'Armstrong de 2004, 3'22" de plus que le Pantani de 1998 et 2'44" de plus que le Contador de 2007 pour gravir le Plateau de Beille. Mais Thomas Voeckler, malgré ces chiffres qui en disent long, ne veut surtout pas passer pour un chevalier blanc habillé de jaune. "J'essaye de ne pas penser à ça, je fais du vélo à ma façon avec mes idées", a expliqué le leader d'Europcar. "Je suis persuadé qu'il y a énormément de coureurs dans le peloton qui ont la même vision du vélo. Je ne suis pas le baromètre de l'état de propreté du peloton. Si on finit loin, il ne faut pas dire que c'est à cause du dopage ou l'inverse", a déclaré le nouveau fiancé de la France, qui n'entend pas dévier de sa ligne d'un millimètre. "Je fais mon chemin sans m'occuper de ce qui se passe, sinon j'aurais pu être découragé depuis dix ans. Je m'occupe de mon cas, je ne peux pas me permettre de dépenser de l'énergie à prendre position sur un sujet aussi sensible. Sinon, ça travaille plus dans la tête que dans les jambes", précise encore le coureur Alsacien, qui ne veut pas émettre d'hypothèses sur l'incapacité des grands leaders à le lâcher en montagne. "C'est la première fois que j'ai d'aussi bonnes jambes, c'est la meilleure forme de ma carrière. Je ne cherche pas à tirer des conclusions (sur la performances des autres, NdlR), ce n'est pas mon travail, c'est celui des observateurs, des instances. Si je commence à réfléchir, ce sera plus un frein qu'une motivation", explique-t-il. Voeckler a aussi tenu à mettre en garde ceux qui croient que les savants calculs de puissance permettent d'établir une preuve indirecte de dopage ou de non dopage. "C'est normal d'analyser. La seule chose où il faut être prudent, c'est sur la durée des ascensions. Rien n'est comparable. La météo, la longueur du parcours, la composition des équipes… On n'est pas sur la piste, à conditions égales", a-t-il jugé. Seule concession qu'il a bien voulu faire à la reconnaissance de nouvelles moeurs dans le peloton: "Je suis dans le milieu professionnel depuis une dizaine d'années et j'ai l'impression que des choses sont réalisables par des coureurs qui font leur métier de manière honnête, et ils sont très nombreux dans ce cas, elles ne l'étaient pas forcément il y a dix ans", a-t-il concédé. (LB avec AFP/Picture : Belga).