Corps méconnaissables : l'impossible travail des légistes en Libye
Un corps abîmé en état de putréfaction avancé après être resté plusieurs jours dans l'eau. Le cadavre, de sexe indéterminé, est méconnaissable après avoir passé un séjour prolongé dans la mer, qui a rejeté sa dépouille, échouée sur la grève.
Légistes et secouristes spécialisés dans les situations de crise cherchent sur le corps un signe particulier, un objet personnel ou des papiers permettant de faciliter son identification. On prélève un échantillon d'ADN, au cas où le défunt aurait encore une famille en vie pour le réclamer.
En LiBye, a Derna, le processus compliqué d’identification et de recensement des corps se poursuit. Des centaines de cadavres anonymes avaient été enterrés à la hâte les premiers jours.
Selon les chiffres des Nations Unies, ce sont au total plus de 10 000 personnes qui sont officiellement portées disparues et le nombre de décès s'élèverait actuellement à plus de 11 000. Le travail de fourmi les légistes est loin, très loin d'être terminé.
Sous la boue et les gravats, au large de la ville, dans la Méditerranée, des milliers de cadavres attendraient encore. 400 cadavres auraient été retrouvés dans une baie par des sauveteurs maltais. Des secouristes lybiens qui patrouillent en mer auraient aperçu 600 corps en mer au large de la région d’Om-al-Briket, à une vingtaine de kilomètres à l’est de Derna. Plus le temps passe, plus mettre un nom, un âge et un sexe sur les dépouilles deviendra mission impossible.
La ville de Derna, ravagée par les flots, n'est plus qu'un désert stérile, où règne partout une odeur persistante de mort qui s'élève de la gangue de boue et de débris qui a recouvert la cité de 100 000 habitants après la rupture de deux barrages, gonflés par la tempête Daniel, provoquant une crue de l’ampleur d’un tsunami le long de l’oued qui traverse la cité.
La vague a tout emporté sur son passage. Il ne reste des morts auxquels il faut rendre un nom, envore et encore...
(LpR - Source : BBC - Le Monde/Illustration Picture : Laura Ockel via Unsplash)