Habiter sur un volcan : dans la région de Naples, on vit sous anxiolytiques
A Naples et dans ses environs, la vie sur un volcan actif met le moral des habitants sous pression. Certains "vivent dans un état permanent d’anxiété"...
Aucun habitant du coin ne l'ignore : il y a 40.000 ans, le réveil des Champs phlégréens avait été la plus puissante éruption jamais enregistrée en Méditerranée et cet épisode volcanique cataclysmique avait affecté le climat mondial.
Agité par de nombreuses secousses ces dernières semaines, ce supervolcan de sinistre réputation est surveillé de très près par les scientifiques. Et les soubresauts récents, dont un de magnitude 4,2 il y a une quinzaine de jours, ne lasse pas d'inquiéter le demi-million de personnes vivant dans la zone.
Les centaines de milliers de personnes qui ont construit leur habitation directement dans la cuvette des Champs phlégréens ont tout à craindre d'une éruption de ce volcan actif depuis 80.000 ans, à Pouzzoles, près de Naples. Pour l’heure, le volcan est en alerte deux sur quatre, en phase vigilance.
La particularité de ce volcan? Il se présente comme une cuvette d’un diamètre de 15 km, appelée caldeira, formée lorsque le volcan a perdu son cône, au cours d’une éruption passée.
Sous la double menace du Vésuve, à quelques kilomètres de là, et des Champs phlégréens, les habitants ne savent plus à quel saint se vouer. "Si les Champs phlégréens entrent de nouveau en éruption, Pouzzoles tombera dans la mer", explique un local à l'AFP. "Nous vivons dans un état permanent d’anxiété. Les gens n’arrivent pas à dormir", ajoute-t-il.
Les habitants sont de plus en plus nombreux à prendre des anxiolytiques, redoutant une évacuation forcée tout autant qu’une éruption. "Ce sera le chaos, on sera entre les mains de Dieu", prévient un pessimiste. Nombreux sont ceux qui se souviennent encore à Pouzzoles de l'évacuation de la ville pendant 3 ans, dans les années '80. "C’était une ville fantôme", se souvient un déplacé de l'époque qui a passé trois ans dans un logement provisoire.
Certains se disent "prêts à mourir" chez eux, car devoir déménager, ce serait les "tuer deux fois". Pour les vulcanologues, un scénario catastrophe, reste improbable -mais pas impossible - dans un futur proche.
"Les gens ne devraient pas avoir peur. Ou plutôt, ils devraient avoir peur, mais seulement quand on le leur dit", plaisante Sandro De Vita, un spécialiste.
Inutile de dire que chez les habitants de Pouzzoles, ce trait d'humour sonne creux...
(LpR - Source : AFP/Picture : Francesco Baerhard via Unsplash)