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En Suède, on vénère des héros wallons

Au XVIIe siècle, Liège était l’armurerie de l’Europe avec un vrai savoir-faire sidérurgique. La Suède va en profiter grâce à des Liégeois et à ses ouvriers protestants wallons. Et depuis, avoir des racines wallonnes, c’est une fierté en Suède.

Ne riez pas : les ouvriers wallons sont loués et vénérés en Suède. Du moins ceux arrivés entre 1620 et 1650. Plusieurs milliers de Wallons ont ainsi fui la persécution catholique des Pays-Bas espagnols à l’appel de Louis de Geer (image) et de Guillaume de Bèche. Ces Liégeois se sont alors établis en Suède. Guillaume de Bèche exploitait déjà les forges de Nyköping et Finspång depuis 1595. En 1618, Louis de Geer voit l’opportunité d’affaires florissantes et répond à l’appel du roi Gustave II Adolphe de Suède après la guerre contre le Danemark. Il prend contact avec Guillaume de Bèche et son frère pour développer l’industrie militaire et sidérurgique suédoise. Et pour réussir cette mission, toute une colonie wallonne va s’installer dans ce pays scandinave. À l’heure actuelle, un dixième de la population suédoise a un ancêtre d’origine wallonne, soit près d’un million de personnes.

Efficacité

5000 à 10.000 ouvriers liégeois vont donc quitter leurs terres natales pour se retrouver dans le sud de la Suède. C’est grâce à eux que l’industrie métallurgique suédoise va devenir très performante. Car c’est à Liège qu’a été inventée la fonte en fer forgé. Le Royaume du Suède pourra s’armer de canons et devenir prospère. Cet exil des Liégeois fera de ce pays un leader en vente du fer et d’acier. Ainsi, en 30 ans, les exportations ont triplé. Elles atteindront 17.500 tonnes de fer par an. Leur principal client sera la marine anglaise ! Au grand bonheur de la trésorerie de Louis de Geer qui sera naturalisé en 1627 et anobli, tout en devenant l’homme le plus riche de Suède. Il faut dire qu’il avait aussi des attaches à Amsterdam, où il va mourir en 1652, pôle du commerce européen. 

Société modèle

Le mode de vie des Wallons va vraiment bouleverser celui des Suédois. Cette colonie va d’abord vivre dans un monde clos, autour des fourneaux. Cette société avait mis en place un système de protection des femmes et des veuves avec une allocation de survie. Les filles comme les garçons allaient à l’école jusqu’à 12 ans. Ils touchaient aussi une allocation « céréales ». Pour les hommes adultes, le salaire est garanti à vie. Il y a également une évolution dans la carrière en fonction de l’état de santé et physique. En fin de vie, il est possible de loger à l’infirmerie pour bénéficier de soins en permanence. Des habitudes qui vont intriguer puis intéresser les Suédois.

Grévistes

La liberté de culte des Wallons leur était assurée, ce sont des calvinistes, alors que les Suédois étaient luthériens. Et puis, ces « émigrés » étaient soucieux de leur hygiène. Un de leur rituel est devenu une légende en Suède : le bain du samedi. Ils importeront aussi leur langue, leurs danses, leurs chants et leur folklore. Une culture qui va là aussi toucher la société suédoise. Laquelle aura l’image d’Épinal du héros wallon, syndicaliste. Il est jugé plus fort, plus habile et plus professionnel que le Flamand ; plus tenace, avec plus d’ardeur que le Français. Mais comme lui, le Wallon serait passionné et impétueux… et gréviste ! Comme quoi, c’est une vieille tradition ;-)

(Olivier Duquesne – Sources : Paris Match, WBI (Wallonie Bruxelles International), Wikipédia – Picture : © Public Domain-Merket 1.0 Universal)

Olivier Duquesne

Olivier Duquesne

Journaliste FR @ Tagtik - Rubriques auto et mobilité

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