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Conduire en Europe, pourquoi ces règles aussi ignobles ?

ZBE, LEZ, ZTL, ULEZ, Umweltzone… Les termes ne manquent pas pour définir les zones urbaines interdites à certains véhicules. De temps en temps c’est la galère pour avoir les autorisations et les sanctions ne sont pas toujours équitables.

Qui a déjà essayé d’obtenir une autorisation pour accéder dans une zone limitée dans une ville européenne ? Parfois c’est simple, mais parfois : bon courage. Il y a le cas d’école de la personne ayant une carte de stationnement pour personne à mobilité réduite, aussi appelée carte pour handicapé. En principe, cela lui donne droit à un accès dans les zones normalement réservées. Sauf qu’il faut s’enregistrer, sur un site web pas toujours multilingue. En envoyant des copies de documents. Et il faut attendre. Longtemps parfois. C’est pareil pour simplement obtenir le droit d’entrer dans une LEZ « protégée » par des portiques ou des caméras. Un vrai parcours du combattant pour éviter l’amende quand - au lieu d’une vignette qui n’est pas parfois disponible que par envoi postal - il faut enregistrer une voiture avec une immatriculation « étrangère ». Essayez un jour de le faire pour l’ULEZ de toute l’agglomération de Londres. « Keep calm and be patient! »

Je peux ou je ne peux pas ?

Au-delà de la difficulté à se faire reconnaître pour avoir le droit d’entrer avec son véhicule dans une zone basse émission, il y a également la différence ahurissante des règles de pays à pays (bon, malgré l’UE, on en a l’habitude), mais aussi de ville à ville au sein du même pays ! Comment voulez-vous vous y retrouver ? Les horaires sont parfois différents, ainsi que les véhicules autorisés ou non. La signalisation est parfois muette. D’autres fois, tout y est indiqué avec à peine un plus de mots que dans Guerre et Paix. Facile à lire en conduisant. Il y a également les interdictions provisoires qui peuvent parfois être décidées la veille par une instance régionale, judiciaire ou nationale. Encore faut-il, pour le savoir, lire ou écouter les médias locaux et/ou comprendre les indications sur les affichages variables dans une langue inconnue du visiteur.

Amende salée

À l’heure des sanctions, c’est tout aussi incompréhensible. Les « amendes » vont de 80 € à près de 2000 € !  En Belgique, un Français non enregistré qui s’aventure dans la LEZ d’Anvers, Bruxelles ou Gand recevra la redevance de 150 € à payer dans sa boîte aux lettres, même si sa voiture répond aux critères. Le Néerlandais, comme le Belge, est détecté automatiquement. Quant au Belge qui ne répond pas aux critères bruxellois, la redevance sera de 350 € pour lui. Les autres nationalités, elles, ne risquent pas grand-chose par défaut d’accord bilatéral. Depuis le Brexit, les autorités britanniques ne peuvent imposer un paiement a posteriori aux citoyens de l’Union européenne. Mais il vaut mieux ne pas y retourner avec la même voiture. En Italie, chaque passage devant la caméra d’une ZTL va augmenter l’addition salée à plusieurs centaines d’euros ! 

Mesure antisociale

De plus, ces LEZ, ZBE et autres zones environnementales ou limitées ne pénalisent que les nombreuses personnes dépassées par ces multiples règles ou n’ayant pas les moyens de changer de véhicule pour un modèle récent répondant aux critères les plus stricts. En 2035, il sera même impossible d’entrer sans voiture électrique dans certaines cités ! Bref, les autorités ont développé des arsenaux de limitations variées. Sans concertation. Créant un puzzle labyrinthique sur toutes les routes d’Europe. Routes où l’automobiliste moyen est contraint de préparer rigoureusement chaque visite en dehors de sa zone de confort pour éviter les châtiments.

(Olivier Duquesne - Picture : © Olivier Duquesne)

Olivier Duquesne

Olivier Duquesne

Journaliste FR @ Tagtik - Rubriques auto et mobilité

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