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Footgate: "Le point de non-retour a été atteint!"

Le tsunami qui s'est abattu sur le football belge la semaine dernière devrait connaître un premier vrai tournant avec la comparution de certains inculpés, ce mardi devant la Chambre du Conseil.

Pour de nombreux observateurs du dossier en cours, le grand nettoyage qui se prépare pourrait être salutaire pour le football belge, car les pratiques nébuleuses et les petits arrangements entre amis n'ont que trop duré.

"Lors de certains transferts, il y a des montants disproportionnés qui partent vers l'agent" explique Sébastien Ledure, avocat du sport, qui gère les intérêts juridiques, administratifs et fiscaux de quatre Diables Rouges et qui s'est confié à la RTBF.

Sébastien Ledure ne cache pas que son métier l'a parfois amené à croiser ou à entendre parler d'agents enclins aux entourloupes. "Le montant officiel du transfert est bien plus bas que celui délivré par le club acheteur. Et donc le club vendeur peut être grugé car il aurait pu recevoir plus, et le joueur aussi l'est car il aurait pu négocier une compensation supérieure pour lui. On a aussi des clients qui nous relatent des faits de menaces physiques, même si c'est plutôt rare. Les menaces sont surtout commerciales: 'si tu ne m'associes pas à ce deal, je vais faire en sorte de faire capoter telle autre transaction'. Certains se vantent même de pouvoir influencer le résultat d'un match ou le maintien d'un club en fin de saison", explique-t-il.

Autre constat: notre pays serait un terreau fertile pour ces comportements déviants et toutes les conditions étaient réunies chez nous pour un 'Footgate'. "On ne peut pas dire qu'on ait chez nous en Belgique une culture très respectueuse des règlements. Le cadre juridique n'est pas des plus contraignants. Ajoutez-y le fait que la FIFA ait assoupli ses règlements en 2015, notamment en supprimant le statut d'agent. On a ainsi dérégulé le secteur et ouvert la porte aux gens mal intentionnés", souligne Sébastien Ledure.

Mais ce scandale est aussi sans doute une occasion à saisir: en faisant table rase du passé, on pourrait faire de la Belgique une terre de foot exemplaire. "Le moment de non-retour est atteint, il y aura un avant -et un après- 10 octobre. Les premiers signaux sont là. D'abord, la FIFA a entamé début 2018 une refonte de ses règlements, en durcissant notamment les conditions pour devenir agent. Dans le même temps, en Belgique, on a vu l'arrivée à la tête de certains grands clubs de personnalités soucieuses du respect des règles, de leur image, de transparence et de propreté : ce phénomène ne va faire que s'accentuer car les enjeux financiers vont sans cesse augmenter. Enfin, l'ampleur médiatique du scandale actuel va faire réfléchir certaines personnes. Il est temps de recourir à une bonne gouvernance dans le foot. On ne pourra plus revenir en arrière", conclut-il.

(LpR - Source : RTBF/Picture : Belga)

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