“C’est un échec pour Poutine”
Il y a deux ans, alors que débutait l'opération spéciale de Poutine en Ukraine, les régions de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijjia ont été “acceptées au sein de la fédération de Russie”. Est-ce que cette russification forcée des territoires ukrainiens veut dire qu'ils ont été conquis ? L'écrivain et ancien officier français, Guillaume Ancel, le conteste.
Si le président russe a officialisé l’annexion de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijjia, cela signifie-t-il pour autant que ces territoires intègrent entièrement la Fédération de Russie ? “Absolument pas” déclare Guillaume Ancel dans une interview accordée à La Dépêche. L’ancien officier est clair sur le sujet : “c’est une mesure qui a été imposée par Vladimir Poutine. Une légalisation de son coup de force sur une partie du Donbass, qui n’est acceptée que par lui. Aucun dirigeant ne reconnaît ces régions comme russes à l’international et ces territoires restent à l’heure actuelle un théâtre de guerre. Poutine a voulu retenter la manœuvre qu’il avait menée, avec succès, pour la Crimée en 2014. Mais cette fois-ci, il a échoué.”
Mais que deviennent ces régions ? Où en sont les combats ? Selon Guillaume Ancel, c'est précisément parce que ces régions sont toujours en guerre que “c’est un échec pour Moscou. On pouvait dire, en 2014, même si le sujet est contesté, que la Russie avait pris possession de la Crimée. Le territoire avait été intégré, il y a eu une administration russe mise en place et une sorte de normalisation. On se souvient même que certains politiques chez nous, je pense notamment à Marine Le Pen ou Philippe de Villiers, avaient reconnu cette annexion. Là, ce n’est absolument pas le cas dans le Donbass. Je pense que Poutine espérait que l’Ukraine cède à un moment, mais ça n’est pas arrivé. Tant que ces territoires sont en guerre, personne ne peut changer leur statut juridique puisque ce statut reste disputé.”
Et en ce qui concerne la résistance ukrainienne sur ces territoires, Guillaume Ancel d'ajouter qu’elle est bel et bien présente mais pas “massive”. “Évidemment, ce n’est pas possible pour les Ukrainiens de manifester dans la rue ou d’exprimer son opposition à la présence russe publiquement. En vérité, on a énormément de mal à savoir ce que pense la population. Il y a toute une partie de ces habitants qui ont fui.”
(Manon Pierre - Source : La Dépêche - Picture : Picture by tatarstan.ru via WikiCommons under licence Creative Commons Attribution 4.0 International)