Tagtik

Ramener une voiture électrique d’occasion d’Allemagne, la galère ?

Sam, habitant la banlieue bruxelloise, a acheté en juillet 2024 une BMX i3 de 2021 en Allemagne, au nord de Francfort. Un véhicule qu’il a fallu ensuite ramener par la route. La batterie de cette électrique a-t-elle bien vieilli ?

Wetzlar, à 70 km de Francfort en Allemagne, a été un lieu de résidence de Goethe. Mais nous n’y allons pas pour le tourisme. En effet, c’est notre destination du jour pour aller chercher une BMW i3 d’occasion de 4 ans à ramener à Bruxelles. Un trajet retour d’environ 360 km avec une voiture a priori peu à l’aise pour les longs trajets sur l’autoroute. Cette citadine électrique doit servir à Sam pour ses déplacements quotidiens dans et autour de la capitale belge, entre son domicile et son lieu de travail. Il l’a trouvée sur Internet auprès d’un garage BMW local. Reste à savoir combien de charges et combien de temps cela prendra entre la concession allemande et la Belgique, à Zaventem plus précisément.

Problème de plaque

Après le départ de Bruxelles en fin de matinée, et une pause schnitzel, nous arrivons au garage BMW à 14h45. Acheter une voiture à l’étranger au sein de l’Union européenne est relativement simple. Pas besoin de dédouanement. Pour une voiture d’occasion, le paiement de la TVA se fait dans le pays d’achat. Il faut bien sûr obtenir les documents originaux du véhicule et la facture d’achat. Ensuite, il faut faire les démarches une fois en Belgique (ou en France) pour obtenir les documents belges (ou français). En attendant, une plaque de transit suffit pour reprendre la route. Sauf que les bureaux administratifs du Land pour la plaque provisoire de transit ferment à 15h (la joie des horaires de l’administration allemande). Trop tard donc ! Heureusement, une plaque belge attendait déjà l’i3 à Bruxelles, avec assurance. Le vendeur allemand nous évite une nuit d’hôtel ou la location d’un plateau en proposant « la méthode française » qu’utilisent aussi les Néerlandais : la plaque en carton sur base de l’immatriculation assurée. Avec un petit bricolage du vendeur avec feutre et ciseaux pour placer les ersatz derrière le pare-brise et la lunette et nous voilà prêts. Il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour ne pas rencontrer un policier trop scrupuleux. Déjà, nous sommes quasi sûrs d’éviter la douane avec la libre circulation. C’est parti !

100 % au départ

Heureusement, la voiture est chargée à 100 % au départ. L’i3 affiche une autonomie de 226 km sur son écran. Nous éviterons soigneusement de profiter de la liberté de la conduite sans limitation de vitesse sur les portions « libres » de l’Autobahn. 110 – 130 km/h, c’est très bien. Après 148 km, nous décidons de faire une charge. La batterie a encore une capacité de 46 %. La borne rapide annonce 61 minutes d’attente pour atteindre les 100 %. Sur les aires de service allemandes, il y a toujours un fast-food. On attendra là-bas. Le temps de prendre la commande et de manger, la voiture aura déjà bien chargé. Encore faut-il réussir à payer la recharge. La banque belge bloque la transaction pour suspicion de fraude, car la première tentative avec l’app sur la borne a été infructueuse. Il faudra donc l’appeler pour débloquer la situation et commencer la charge.

Direct vers Bruxelles ?

Après une heure d’attente, la voiture a théoriquement suffisamment d’énergie pour rentrer à Zaventem. Une borne l’attendant là-bas pour la nuit. La météo mettra son grain de sel, ou plutôt ses éclairs. De gros orages perturbent l’avancée entre Liège et Bruxelles. Par mesure de précaution, vu l’utilisation de la climatisation pour éviter la buée, il faudra faire un petit pitstop à quelques kilomètres de Louvain. 10 minutes. La borne cette fois refuse le paiement par carte bancaire. Je prête à Sam mon « badge » de recharge. Les derniers kilomètres, sous le déluge, se passent sans encombre. Au total, le trajet de 355 km aura pris 4 heures 50, dont 70 minutes de charge. Avec une voiture thermique, avec une pause de mi-parcours, la durée du trajet aurait été de 4 heures.

Pas si mal

La consommation moyenne a été de 16 kWh/100 km. Un excellent chiffre. En fin de compte, cette BMW i3 120 Ah a encore gardé par mal d’autonomie après 4 ans d’existence et 22.000 km. Neuve, l’autonomie WLTP de cette version est de 310 km, soit une autonomie réelle d’environ 260 km. Ce modèle 2021 a encore plus de 220 km de conduite, en 2024 ! Soit 85 % de sa capacité initiale. Mais surtout, son ordinateur de bord est fiable par rapport au rayon d’action restant. En connaissant mieux la voiture, et les bornes sur le parcours, nous aurions pu repousser la première charge pour borner entre 25 % et 15 % de batterie. Dans ce cas, une seule charge aurait suffi. Même avec l’orage.

(Olivier Duquesne – Source/Picture : © Olivier Duquesne)

Olivier Duquesne

Olivier Duquesne

Journaliste FR @ Tagtik - Rubriques auto et mobilité

Pour aller plus loin