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Né un 12 novembre : Neil Young, une vie de "Cheval Fou"

  Né en 1945 à Toronto, l’artiste canadien défie les genres depuis plus d’un demi-siècle. Du folk à la country en passant par le rock voire même l’électro, il excelle dans tous les genres qu’il explore.

   Comment résumer la carrière éclectique souvent passionnante et parfois un peu redondante de ce Don Quichotte de la six cordes? Souvent revendicateur et volontiers rageur, l’artiste n’a jamais eu la langue en poche. Un seul exemple, le désormais emblématique "Rockin’In The Free World" en 1991 est bien une critique acerbe du capitalisme triomphant. L'âge aidant (79 ans aujourd’hui), il a néanmoins été un des premiers à vendre les droits sur son catalogue musical pour la somme rondelette de 150 millions de dollars. Ce qui peut être compris comme une forme d’adhésion à ce capitalisme autrefois pourfendu…


  Je l’avoue volontiers, Neil Young est le seul musicien qui m'ait jamais donné envie d'empoigner une guitare. Ce diable d’homme n'a jamais eu besoin ni de fumigènes à gogo, ni de mise en scène démesurée pour réinventer le rock mais aussi le folk. Seulement une guitare, tantôt acoustique, tantôt fichtrement électrique... Depuis "Freedom" en 1989 et pour un temps du moins, Neil Young a retrouvé sa verve d'antan et le giron protecteur de Reprise, son label fétiche depuis ses débuts en solo. Encore aujourd'hui, il peaufine inlassablement les mêmes recettes. Comme un cuisinier maniaque. Mais il n'hésite jamais non plus à tester de nouvelles épices et tenter des mélanges parfois incongrus.

  Bientôt octogénaire, il s'impose, encore et toujours, comme un des musiciens incontournables de sa génération. Avec ses allures de prêcheur déjanté, après quelques années en dévôt d’un folk poétique, le bonhomme a réussi à embobiner tous les jeunes loups de la vague grunge américaine des années '90, Pearl Jam en tête. Et on préfère oublier son incroyable flirt avec le conservatisme. Le soutien qu'il a offert à Ronald Reagan au milieu des années 80 reste dans toutes les mémoires. Même s’il est resté discret -à ma connaissance- lors des récentes élections présidentielles américaine, sa lettre ouverte à Donald Trump en 2020 ("you're a disgrace to my country" selon ses propres mots)  a aussi marqué les esprits.

  Fin 1988, des Pixies à Nick Cave, de Dinosaur Jr à Sonic Youth, nombreux sont ceux qui ont accomodé à leur sauce des chansons méconnues du patriarche sur l'album "The Bridge" dont les bénéfices ont été versés à l’association du même nom dont dépend une école pour enfants infirmes qu’il a fondée avec Pegi, sa compagne pendant 34 ans. Les deux fils du chanteur sont d'ailleurs atteints de paralysie cérébrale. La vie du barde électrique, aujourd'hui en couple avec l'actrice Daryl Hannah, est loin d'être un long fleuve tranquille...

 
  Toujours insaisissable, l’homme aux cent visages continue à décrypter la réalité avec le regard d'un philosophe usé par les aléas de la vie. Plus que jamais, ses instantanés d'une Amérique qui se cherche de nouvelles raisons de croire en l'avenir possèdent une indéniable pertinence. Tantôt décharnés ou tantôt rageurs, Neil Young possède quelques hymnes forts différents à son répertoire. Voici quelques portes d’entrée pour ceux qui découvriraient ce grand monsieur aujourd’hui :  "Down By The River" avec The Crazy Horse (1969), "Cortez The Killer" sur l’album "Zuma" (1975), "Harvest Moon" (1992), "Heart Of Gold" (1972), "Crime In The City (Sixty To Zero)" et "Eldorado" sur l’album "Freedom" (1989).  Et bien entendu, "My My Hey Hey (Into The Black)", un morceau initialement sorti en 1979 qui a connu beaucoup de versions différentes. Kurt Cobain de Nirvana a emprunté quelques mots au texte de cette chansons ("It's better to burn out than to fade away") dans sa lettre d'adieu avant son suicide. 


  C’est une évidence, à 79 ans, Neil Young reste un artiste sans équivalent…

(AK - Photo : © Etienne Tordoir)

Photo : Neil Young avec The Crazy Horse sur la scène de Forest-National à Bruxelles (Belgique) le 28 mai 1987

AK

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Journaliste @tagtik FR - Music, cullture, festivals

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