Tagtik

Fortune colossale : Assad est parti, mais il n’a pas tout perdu

Après vingt-quatre ans passés à diriger la Syrie, dans les traces de son père qui avait régné trois décennies, Bachar al-Assad a finalement quitté son pays en catimini.

Le printemps arabe, ressuscité sous une forme expéditive, l’a chassé du pouvoir, poussé par une rébellion islamiste menée par le HTS (Hayat Tahrir al-Sham). Abandonné par ses alliés de toujours, la Russie et l’Iran, absorbés par leurs propres conflits, il n’a eu d’autre choix que l’exil à Moscou. Mais si le palais présidentiel de Damas brûle derrière lui, ses coffres, eux, sont loin d’être vides.

L’ancien président syrien a fui avec sa famille vers la capitale russe, où il trouve encore une forme de protection, même si Vladimir Poutine garde désormais ses distances. Pourtant, c’est bien grâce à Poutine qu’Assad échappe à la justice et à la vengeance de ses opposants. Mais ce salut ne vient pas sans une généreuse réserve d’argent. Car malgré la chute de son règne, le clan Assad ne sombre pas dans la misère. Leur fortune accumulée pendant des décennies de pouvoir dépasse le milliard de dollars, selon les estimations les plus modestes.

Les rapports américains de 2022 évoquent une richesse située « entre 1 et 2 milliards de dollars ». Cet immense pactole est réparti entre Bachar, son frère, sa sœur, ses cousins et son oncle. La discrétion demeure quant aux biens possédés par ses enfants : Hafez, Zein et Karim. Pourtant, derrière ces chiffres se cache probablement une fortune bien plus impressionnante, amassée en secret depuis cinquante ans.

Les Assad ont perfectionné l’art de la dissimulation. Des sociétés-écrans, des montages financiers opaques et des prête-noms ont permis au clan de mettre leurs richesses à l’abri des regards indiscrets. Ces manœuvres financières complexes ont souvent été facilitées par leur allié russe, tissant un réseau invisible, mais incroyablement solide, pour protéger leur patrimoine.

Lorsque les rebelles du HTS ont fait leur percée décisive, un voile a été levé sur cette opulence cachée. Un hangar débordant de voitures de luxe a révélé un aperçu du faste dont jouissait le clan. Mais ces trésors visibles ne sont qu’une infime partie d’une fortune soigneusement enfouie loin des tumultes de Damas.

Bachar al-Assad a peut-être perdu son trône, mais il n’a pas tout perdu. Derrière les murs de son exil doré, la richesse continue de lui assurer un avenir confortable, tandis que la Syrie qu’il a laissée derrière lui peine à se relever des décombres de son règne.

(LpR - source : Capital /Picture : picture-alliance/ dpa | Maxppp Guy Gios)

LpR

LpR

Journaliste FR @Tagtik - Rubriques politique - société - économie - conflits

Pour aller plus loin