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Née un 20 janvier : Cat Power une rebelle qui n’a pas besoin de hurler

  De son vrai om Charlyn Marie Marshall, elle a vu le jour en 1972 à Atlanta (USA) et contrairement aux apparences son nom de scène n’est pas une déclaration d’amour à la gent féline

 

    Histoire de ne pas vous faire trop languir, allons droit au but en répondant à cette question que la chanteuse a fini par honnir. Mais pourquoi Cat Power ? Pas d’énigme, ni de sens caché. Quelques heures avant de monter sur scène à ses débuts, l’artiste devait proposer un nom de scène à la petite salle qui l’accueillait. Son propre patronyme lui semblait impossible. C’est à ce moment-là, comme elle l’a sans doute raconté des centaines de fois, qu’un homme travailant pour Caterpillar est entré dans son champ de vision. Il portait une casquette sur laquelle était inscrit Cat Diesel Power. Abracadbra, exit les effluves peu sympathiques du carburant industriel : Cat Power était née.


  Depuis ses premiers pas au début des années 90, Cat Power s’est forgée un style particulier. Le très noisy "Headlights" en 1993 avec Steve Shelley, par ailleurs batteur de Sonic Youth, indique clairement une filiation artistique bruitiste. Par la suite, de sa voix frêle souvent à la limite de la justesse, Cat arrondira progressivement les angles, musicalement du moins. Dès 1995 et l’album" Dear Sir", elle continue à jouer aux équilibristes sans jamais garder sa langue en poche. Avec étonnement, on découvre une cousine de PJ Harvey qui aurait migré en Géorgie et choisit Kim Gordon comme marraine.


  Par la suite, elle optera souvent pour des orchestrations dépouillées, parfois acoustiques, mais continuera à dresser des constats doux amers sur son entourage et le monde dans lequel elle vit. Sur son album "What Would The Community Think", une chanson comme "Good Clean Fun" est évidemment à prendre au second degré.


   Le plus étonnant est que, sans dévier de sa trajectoire et rétive aux concessions, la chanteuse réussit l’exploit d’élargir son audience tout en vivant assez difficilement les contraintes de cette notoriété naissante. En 1997, elle s’installe dans une ferme en Oregon et d’une certaine manière décide ainsi de pratiquer la musique toujours avec passion mais en dilettante sans courir après des mirages. Enregistré en Australie, d’une beauté  irréelle, son quatrième album "Moon Pix" l’installe dans son rôle de protest singer moderne ("American Flag") et de poétesse écolo ("Moonshiner"). En filigrane on peut y déceler quelles directions prendra la suite de son épopée musicale. 


   Sur "Covers" en 2000, elle s’approprie et métamorphose des refrains aussi différents que "Satisfaction" (Rolling Stones) ou "I Found A Reason" (Lou Reed). Avec "Kingston Town", un traditionnel dépoussiéré par Bob Dylan mais aussi "Paths Of Victory", elle prend aussi rendez-vous avec lui pour l’hommage touchant qu’elle lui rend aujourd’hui sur scène.
  En prenant le temps qui lui semble nécessaire, Cat Power enregistre de nouvelles chansons tous les trois ou quatre ans, cinq petits joyaux intemporels en une vingtaine d’années. Entre "You Are Free" (2003) et "The Greatest" (qui n’est pas une compilation des hits qu’elle n’a jamais eu en 2006), entre "Jukebox" (2008) et "Sun" (2012), il s’avère impossible de faire u choix. Ses dernières compositions personnelles sur "Wanderer" (2018) évoquent même parfois Joan Baez et on est à peine surpris de voir Lana Del Rey se joindre à elle pour l’évidemment féministe "Woman". 


   Avec cette voix si caractéristique et une volonté de ne jamais trop en faire (less is more comme disent les anglophones), Cat Power possède la rarissime qualité de littéralement habiter toutes les mélodies qu’elle interprète, les siennes comme les reprises qu’elle affectionne.  
  Avec elle, aucun geste artistique n’est posé sans raison. Ainsi, lorsqu’on lui proposé d’investir la scène du mythique Royal Albert Hall londonien en 2022, elle a immédiatement songé à la légendaire prestation de Bob Dylan en Angleterre en 1966 lorsqu’il a troqué ses habits de chanteur folk, guitare acoustique et harmonica, pour se frotter pour la première fois à l’électricité sur scène avec "Tell Me, Momma". Une partie du public a évidemment été scandalisée par ce supposé crime. Sur les enregistrements pirates de l’époque, on entend même quelq’un lui hurler "Judas !". Les exégètes et les historiens rappelleront cependant que le cataclysme de l’auteur de "Blonde On Blonde" s’est déroulé à Manchester en mai 1966 et non, à Londres. Evidemment autant que la qualité du répertoire, c’est aussi cette volonté de ruer dans les brancards que l’artiste américaine a trouvé à son goût. Quand on vous disait que Cat Power est une rebelle...


En tournée avec son projet "Sings Dylan ’66" :
En Australie (février), au Japon (mars), en Allemagne, en Italie, en Croatie, en Hongrie, ben Pologne, en Autriche (juin) mais aussi notamment :
1 juin : Barbican Centre - London (Angleterre)
4 juin : Glasshouse - Gateshead (Angleterre)
6 juin : Cirque Royal - Bruxelles (Belgique)
10 juin : Tivoli - Utrecht (Pays-Bas)
22 juin : Théâtre Beaulieu - Lausanne (Suisse)

(AK - Photo : © Etienne Tordoir)
Photo : Cat Power sur la scène du Cactus Festival à Bruges (Belgique) le 7 juillet 2019

AK

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Journaliste @tagtik FR - Music, cullture, festivals

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