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Né un 1er août : Jacques Duvall, discret faiseur de hits pour Lio et Chamfort

Il a vu le jour à Schaerbeek, une des communes bruxelloises, en 1952 et fête donc son septante-deuxième anniversaire (comme on dit en Belgique)...


  Pour l'état civil, il porte le nom d'Eric Verwilghen. Jacques Duval est donc bien un enfant du plat pays. Comme beaucoup de ses compatriotes, il possède cet indicible esprit d'auto-dérision. Et quand il chante son foutraque "J'aime pas le rock", il ne faut surtout pas croire ce grand admirateur de l'âge d'or d'Elvis Presley. Il affirme n'avoir d'oreille que pour la valse viennoise et le cor de chasse mais rien n'est plus faux !

 Depuis 2006, l'auteur de "Je déçois" a trouvé refuge dans l'écurie de Freaksville, le label liégeois de Benjamin Schoos et il continue de pratiquer une forme d'auto-flagellation sublime. Sur son dernier album en date en 2014, la "vieille locomotive" (nouveau rôle qu'il endosse) l'auto-proclamé "expert en désespoir" affirme haut et clair qu'il "ne se prend plus pour Dieu". Jacques Duvall ne changera donc jamais et c'est tant mieux ! 


  Il a trempé sa plume parfois dans le vitriol et presque toujours dans le second degré en séduisant tout d'abord les quatre donzelles américaines délurées des Runaways en se faisant passer pour ... une fille ! Son morceau "Little Sister" se retrouvera sur leur deuxième album "Waitin' For The Night" en 1977. C'est ainsi que Duvall débuta sa carrière d'auteur, par une entourloupe qui lui ressemble bien. Plus tard, en 1979, la chanteuse belgo-portugaise Lio pas encore âgée de 18 ans a propulsé son "Banana Split" en tête du hit-parade.

Parmi celles et ceux qui ont interprété des textes de Jacques Duvall, je vous conseille l'écoute de "Bouscule-moi" (Elsa en 1992), "Tu m'aimeras quand je ne t'aimerai plus" (Jeff Bodart en 2003),  "Le jour et la nuit" (Etienne Daho en 2003) "Le cercle rouge" (Amina en 1989), le magnifique "Les clés du paradis" (Jane Birkin en 2003) etde bien d'autres chanteuses (Dani, Enzo Enzo, Mademoiselle Nineteen, Marie France,...). Sans oublier les chansons écrites, par dizaines, tant pour Lio que pour Alain Chamfort. 

 "Le comble c'est que la pire des saletés c'est toi et je peux même pas te jeter" susurre-t-il (comme à son habitude) sur "La grève des éboueurs". Il faut dire que Jacques Duvall possède une vision décalée du romantisme. Il n'hésite jamais à broyer du noir et préfère les "histoires qui finissent mal en général" (comme le chantait Catherine Ringer des Rita Mitsouko).


 Pour ses propres enregistrements, étrangement, il avoue un penchant pour les reprises de ses chansons fétiches comme "Ti amo" de Umberto Tozzi (métamorphosé en "Je te hais" !), "J'aime regarder les filles" de Patrick Coutin avec la complicité d'Isabelle Wéry ou encore "Le sud" de Nino Ferrer. Le plus incompréhensible avec Jacques Duvall, c'est qu'il n'ait jamais obtenu plus de succès. Son attitude de crooner (faussement) 'je m'en foutiste' a sans doute un effet répulsif sur ce qu'on appelle le grand public...


(AK - Photo : © Etienne Tordoir)


Photo : Portrait réalisé au café "La Renaissance" à Bruxelles (Belgique) en 1990 à la sortie de l'album "Je déçois" (© Etienne Tordoir)

AK

AK

Journaliste @tagtik FR - Music, cullture, festivals

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